La 40e Symphonie de Mozart a été réunie avec la bande graphique A l’Unisson ! du dessinateur Dawid, pour le premier concert de l’année de l’Orchestre de Picardie, dirigé par Léo Margue, jeune, affable et plein d’entrain. Les planches de l’album sont projetées sur un grand écran au dessus du plateau de la CMD, et les musiciens jouent devant leurs pupitres éclairés,.
Léo Margue prend la parole.
En ouverture, Dawid en personne, assis à sa table à côté des instrumentistes, dessine en direct les personnages de l’histoire, surtout l’héroïne, la petite Luce. Une caméra enregistre son travail, et les images apparaissent sur l’écran, accompagnées par le premier mouvement de la Petite Musique de Nuit de Mozart. Les traits de sa pointe-feutre et le sépia qu’il ajoute au pinceau créent un effet magique, comme si, au lieu de dessiner, il traçait une image déjà existante. De petits gribouillis s’avèrent être les yeux, le nez, la bouche de Luce. Il les encercle pour faire un visage, ajoute une tignasse, puis développe le corps.
Poursuivie par une ombre géante et menaçante, Luce part en aventure sur la musique de la Symphonie, mais émerge saine et sauf à la fin du troisième mouvement.
Le vivant de l’ouverture est remplacé par les planches fixes de l’album, plus statiques, et l’histoire, onirique et poétique, une série d’images qui suit les mouvements de la 40e Symphonie.
Les deux jeunes musicologues de Lyon
L’attention des spectateurs se dirige naturellement vers les images sur l’écran qui créent le spectacle, alors que d’ordinaire ils voient d’abord les membres de l’orchestre. Or pour le grand public une des raisons d’assister à un concert, au lieu d’écouter de bons enregistrements, est certes d’avoir une expérience collective, mais aussi de voir au lieu d’entendre seulement la musique. La structure d’une œuvre se révèle à travers les gestes des musiciens qui la jouent : ils prennent et déposent leurs instruments, jouent vite ou lentement, se rejoignent, se séparent. Les spectateurs voient et entendent les instruments intervenir, se rendent compte de la différence sonore entre un cor et un trombone, entre les différents instruments à cordes. Le percussionniste prépare ses interventions. Le langage corporel du chef d’orchestre constitue une analyse de la partition. Ceci est particulièrement vrai pour des pièces archi-connues comme la 40e de Mozart. La vue de l’orchestre rafraîchit l’écoute.
Quand l’attention du public est dirigée ailleurs, le plateau devient une fosse d’orchestre, et la musique un somptueux fond sonore.
Dawid, dessinateur d’A l’Unisson !
A l’Unisson a pu trouver sa justification principale en tant qu’action pédagogique pour les jeunes qui remplissaient tous le fond de la salle. Deux étudiants du Conservatoire de Lyon ont présenté la Symphonie, et à la fin Léo Margue a eu l’idée réjouissante d’indiquer les différents instruments, que les musiciens levaient en l’air les uns après les autres. Un contrebassiste a réussi à porter le sien au dessus de sa tête.
Pour finir, Dawid reprend sa place et ses outils de dessin. La petite Luce re-nait, trait par trait, pour recréer la magie du début, et elle est accompagné par l’orchestre qui joue le dernier mouvement de la Petite Musique.
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