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Musique

Le concert des inattendus

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L'art de la musique

Orchestre de Picardie, auditorium de la CMD

Un coup d’œil distrait sur le programme pouvait faire croire à un concert sans surprise : l’orchestre de Picardie sous la direction d’Arie van Beek allait jouer Bach, Mozart, Mendelssohn et Weber.

Mais d’abord il s’agissait de Johann Christian Bach, non pas son père Johann Sebastian. Loin du baroque et du contrepoint, sa symphonie n° 6 est mélodique, passionnée, parfois orageuse, et le mouvement lent va jusqu’à être annonciateur du Romantisme.

A côté des concertos pour piano de Mozart très connus, le n° 19 est plus une découverte, invitant l’auditeur à être plus attentif. Le soliste Kit Armstrong, à seulement vingt-trois ans (Mozart en avait vingt-huit quand il a composé le concerto), impressionne par sa calme assurance. De père anglais et mère américano-taïwanaise, il est non seulement musicien déjà célèbre mais mathématicien, et déclare même entendre utiliser les maths pour éclairer les mystères de la musique. En attendant, il a fait une lecture lumineuse, généreuse et enjouée du concerto. Acclamé par la salle, il a joué du Bach, mais alors J.S., un feu d’artifice contrapuntal.

Une ouverture de Mendelssohn qui déjouerait les attentes, est-ce possible ? Oui, car à la différence des célèbres « Hébrides », ou « Mer calme et heureux voyage », œuvres à part entière, « Retour de l’étranger » est la vraie ouverture, presque viennoise de ton, d’un petit opéra.

Le concert s’est terminé par la première symphonie de Weber, brillante, rhapsodique même – et écrite à l’âge de vingt ans !

Arie van Beek est chef de l’orchestre de Picardie depuis cinq ans. La qualité de sa direction de cette quarantaine d’instrumentistes a été confirmée dans la nouvelle salle, à l’acoustique impeccable qui ne pardonne pas le moindre flottement. Ce qui intrigue est sa façon de communiquer avec les musiciens. Ses mains les préviennent, encouragent, cajolent, calment, échauffent, en une séquence de gestes éloquents qui permettent au public de comprendre ses intentions une fraction de seconde avant d’en entendre l’effet.

C’était le dernier concert de la saison, sauf pour le grand rassemblement toujours exaltant des musiciens de l’orchestre les Siècles avec des élèves des conservatoires et écoles de musique de l’Aisne. Le programme, tiré certainement du grand répertoire classique, n’est pas annoncé. Encore une surprise pour le 5 juillet…

denis.mahaffey@levase.fr

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