Ce programme n’allait pas plomber la soirée. Le concerto de Mendelssohn, lumineuse illustration du Romantisme allemand, est une déclinaison du bonheur, passionné, puis poignant, puis frétillant. Le soliste Nicolas Dautricourt en a donné une interprétation solaire, dès ces premières notes électrisantes où le violon ne veut pas attendre d’être présenté par l’orchestre.
Devant la chaleur de l’accueil, il a joué une sonate d’Eugène Ysaÿe, contraste frappant avec le classicisme de Mendelssohn, mais preuve que le Romantisme n’est pas mort avec le 19e siècle.
« Shéhérazade » est une somptueuse suite dans le style russe orientaliste, aux mélodies entêtantes, une occasion pour la centaine d’instrumentistes (soixante cordes, sept cors !) d’époustoufler définitivement leur public – pour la seconde fois ce jour-là. « Peu d’orchestres professionnels accepteraient de jouer un tel programme deux fois le même jour » déclarait Xavier Roth en s’adressant au public.
L’événement couronne le succès de cette nouvelle Cité de la musique et de la danse. Après avoir été hébergés dans le théâtre du Mail, ou la cathédrale, splendide mais peu accueillante, les grands ensembles ont enfin leur maison. Les salles constamment pleines depuis six mois sont une confirmation de son succès.
La soirée était donc une réussite. Réussite ? Allez, fin d’une année de critiques mesurées : une apothéose !
denis.mahaffey@levase.fr