« Nica’s dream », théâtre et jazz au Centre social de Chevreux
Louis Caratini avait déjà animé des ateliers de théâtre, éléments de l’action culturelle menée par les « Concerts de poche » en amont de leurs récitals et spectacles. Mais cette fois il est venu à Soissons créer son propre spectacle pour les « Concerts », un mélange de théâtre et de jazz intitulé « Nica’s dream ».
Pannonica de Koenigswarter (« Nica »), issue de la branche anglaise des Rothschild et mariée à un baron français devenu diplomate en Amérique, échappait à la monotonie de sa vie en fréquentant les jazzmen de la grande époque. Amie, mécène, elle les aidait à affronter les difficultés créatives et matérielles de leur vie de musicien. (Antoine Hervé avait évoque le personnage dans sa conférence-concert au Mail sur Thelonious Monk en 2013.)
Nica a eu l’idée de poser la même question à trois cents de jazzmen qu’elle prenait en photo : “Si on t’accordait trois vœux qui devaient se réaliser sur-le-champ, que souhaiterais-tu?”
Dans « Nica’s dream » (titre d’une chanson par Horace Silver) trois musiciens, contrebassiste Patrice Caratini (père de Louis), saxophoniste André Villéger et percussionniste Benjamin Henocq, jouent la musique des plus grands comme Davis, Armstrong, Mingus, Ellington. Trois comédiens, Louis Caratini, Pierre-Antoine Chevalier et Olivier Doté Doevi brodent sur ce fond sonore, l’interrompent, l’illustrent, avec un trépidant montage des réponses à la question de Nica. Musicaux, financiers, spirituels, sexuels, amicaux, leurs vœux font un contrepoint désordonné et fou à la rigueur de leurs compositions.
Patrice Caratini avec Mireille Delobel.
Soissons a eu la primeur du spectacle, qui sera sans doute ajusté, resserré à la lumière de cette première. Qu’il garde surtout la bondissante énergie des acteurs, la nonchalance attachante (et qui n’est probablement qu’apparente) des musiciens.
Une spectatrice s’est approchée de Patrice Caratini après le spectacle. Mireille Delobel lui a montré le trente-trois tours qu’il avait fait en 1979 avec Marc Fosset. « Je l’écoutais en boucle » lui a-t-elle avoué. Le contrebassiste a emprunté aussitôt un stylo pour le dédicacer.
denis.mahaffey@levase.fr