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Musique

Prochainement (2 fév.) / Jean-François Zygel : ce soir on improvise

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L'art de l'imprévisible

Même la journée la plus ordonnée, programmée heure par heure, contiendra fatalement de l’inattendu, de l’imprévu. Que faire, comment réagir ? Eh bien, en improvisant. Les pizzas industrielles n’arrivent pas à temps pour dîner ? Inventons un plat avec ce qu’il y a dans les placards. A quoi bon s’inquiéter : la créativité répond présente, et les invités sont ravis. Il ne faut pas restreindre le mot « improviser » aux actions faites dans l’urgence et donc bâclées. Improviser, c’est laisser émerger son imagination, se fier à l’instinct et à son propre pouvoir de création, et donner une forme à cette créativité.

Seulement, quand il s’agit d’improviser de la musique pendant toute une soirée, devant cinq cents personnes qui ont payés pour être distraites, émues, amusées et même étonnées, le défi peut paraître démesuré.

Pourtant, Jean-François Zygel le relèvera à la CMD samedi soir.

Improviser ? L’écrivain et acteur québécois Marc Doré a longuement enseigné l’improvisation au Conservatoire de Québec. Pour lui, c’est une « mise en danger », mais autant « un Taj Mahal aux mille créations » (*). L’inspiration travaillée et réfléchie de l’écrivain doit y être remplacée par celle, immédiate, brute des acteurs, qui trouveront justement leur matière dans « cette béance menaçante ».

Jean-François Zygel avec Antoine Hervé au Mail en 2011

Une béance par rapport à laquelle l’artiste improvisateur prend position. Qu’il soit acteur ou musicien, mime ou jazzman, ce vide, comme celui au dessus duquel le funambule prend ses aises, se communique au public présent, ajoutant un frisson d’incertitude au regard ou à l’écoute. Les spectateurs ou auditeurs assistent , non pas à une interprétation mais à une création. Chaque séance est une première.

L’acteur abandonne le texte d’un auteur. Le musicien abandonne la partition d’un compositeur, quitte à faire de ses thèmes un prétexte pour se promener autour, les quittant pour y revenir, s’en éloignant pour s’en rapprocher, s’écartant pour s’y coller.

Jean-François Zygel, pianiste et compositeur (et humoriste, ceux qui l’ont entendu au Mail en 2011 avec Antoine Hervé le savent), a fait de l’improvisation son métier.

Pour ce concert soissonnais il a choisi pour titre Improvisation sur Bach. Un vrai défi, peut-on penser, se lancer dans l’imprévu avec un compositeur dont le lyrisme repose si souvent sur des formulations d’une précision mathématique. Certes, Bach a toujours inspiré d’autres musiciens, compositeurs et instrumentistes, classiques et de jazz.

Jean-François Zygel résume ce qui caractérisera cette aventure : « Le public ne sait pas ce qu’il va entendre et l’improvisateur ne sait pas ce qu’il va jouer. »

Jean-François Zygel, 2 fév. à 20h à la CMD
Les auditeurs peuvent se faire accompagner par les enfants de 3 à 6 ans. Le temps du concert ils seront pris en charge pour explorer différents aspect de la musique avec Marie-Christine Rennaud, animatrice culturelle. Les générations se retrouveront à la sortie.

(*) De l’improvisation et de la tactique de jeu. Montréal 2011. Par le biais de l’improvisation, Marc Doré y entre par ailleurs dans la dynamique du théâtre, ce domaine où une personne joue un personnage sous un autre nom, « pour ne pas la priver de tout ce qu’elle n’est pas ». 

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La musique Romantique poursuit son chemin à la Cité : Mendelssohn et Grieg

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L'art de la musique Romantique

La dominante Romantique de la saison musicale 2023-24 à la Cité de la Musique de Soissons, illustrée par le concert de l’Orchestre Nationale de Lille en septembre, avec Grieg et Tchaïkovski, est confirmé par celui de l’Orchestre de Chambre de Nouvelle Aquitaine, avec Mendelssohn et, encore, Grieg.

La soliste Manon Galy et le chef d’orchestre Mark Coppey

Comme pour marquer quand même une parenthèse entre les deux programmes Romantiques, et rappeler que les silences peuvent, non pas interrompre la musique mais créer des respirations dans l’écoute, le concert a commencé par Words, une très courte œuvre de la compositrice allemande contemporaine Isabel Mundry.

Ensuite, la très jeune violoniste Manon Galy, lauréate aux Victoires de la musique 2022, a remplacé Alexandra Soumm comme soliste dans trois concerts avec ce même programme, sous la direction de Mark Coppey.

Il s’agit d’un des défis auquel doit faire face tout violoniste. Le concerto de Mendelssohn met à l’épreuve sa virtuosité et sa sensibilité.

Ce qui s’est passé a été une sorte d’histoire… romantique. Manon Galy est arrivée sur scène, étincelante en lamé argent, l’air fragile, le visage fermé. Après les quelques notes qui précédent l’entrée du violon au début – une nouveauté par rapport au schéma Classique, qui veut que l’orchestre joue une introduction, comme une mini-ouverture, elle a attaqué. La cadence vers la fin du premier mouvement a été brillante, le basson et la flûte ont fait le pont et elle s’est lancée dans le mouvement lent, exaltant, contemplatif et parfois déchirant. Son visage a changé, elle s’est détendue, et avec le troisième mouvement furieusement énergétique, elle a confirmé sa maîtrise. Une réussite, et elle le savait car elle était souriante en saluant la salle et l’orchestre.

En bis, elle a osé affronter la Méditation de Thaïs de Massenet, piège pour tout musicien susceptible d’être tenté de faire pâmer la salle. Manon Galy est restée ferme, évitant toute sentimentalité, tout…romantisme, et a ému. Encore une Victoire, que le public a semblé reconnaître par son accueil.

Avant le concert la harpiste Iris Torossian prépare son instrument, noir comme sa robe.

Ce grand moment passé, les auditeurs ont pu se laisser divertir et charmer par les deux suites Peer Gynt de Grieg. Les trois « tubes » font toujours plaisir, à écouter et, dans une salle de concert, à voir, et les cinq autres pièces, moins familières, se laissent davantage connaître.

Ce double événement, et les autres concerts programmés pour la saison, proposent un long regard vers l’ère Romantique, dont les compositeurs, laissant leur inspiration, les mouvements de leurs émotions, générer les formes de leur art, bousculaient les structures plus ou moins strictes de composition des époques Baroque et Classique.(*)

(*) Admettons que les amateurs du Baroque et du Classique défendent ces structures (comme ceux qui, en poésie, préfèrent le sonnet et l’alexandrin au vers libres) en pensant qu’au lieu d’entraver la créativité elles l’éperonnent, posent un défi fécondateur au compositeur (comme au poète).

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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Concerto et symphonie d’amis : Grieg et Tchaïkovski

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L'art de la musique Romantique

Alice Sara Ott au piano, Alexandre Bloch à la baguette, attentif l'un à l'autre

Les programmes papier de la Cité de la Musique accordent une place prépondérante à la carrière des solistes et du chef. Les œuvres font de temps de temps l’objet des excellents « guides d’écoute » rédigés par la Classe d’Analyse de Christine Paquelet au Conservatoire. Mais parfois ils contiennent une petite mise en contexte des œuvres, toujours brève, profonde, instructive – et anonyme. Pour le concert de l’Orchestre National de Lille à la Cité de la Musique, la feuille distribuée à l’entrée, à côté des noms des musiciens d’orchestre, ce qui est rare, commentent les deux œuvres à jouer, le Concerto pour piano de Grieg et la 5e Symphonie de Tchaïkovski.

Les spectateurs y apprennent que les deux compositeurs se connaissaient et s’appréciaient. Cela éveille l’oreille à une communauté d’approche entre les deux – un exercice enrichissant quand il s’agit de « tubes » classiques, si souvent entendus qu’ils risquent de devenir une musique de fond.

Soliste et chef devant le public

Ainsi, les deux œuvres ont un côté spectaculaire, en faisant pleinement appel aux capacités des musiciens. Pour le concerto, cela inclut l’exploit technique de la soliste, Alice Sara Ott, jeune et presque frêle devant son clavier. Il s’agit de l’aspect visuel d’un concert, de la possibilité pour les auditeurs de « voir » la structure d’une œuvre, à travers les gestes des musiciens, et d’apprécier leurs capacité physique à mettre en sons l’inspiration du compositeur. Le début du concerto est comme toujours extraordinaire, les percussions précédant l’entrée fracassante du piano seul.

La 5e de Tchaïkovski s’engage dans le lent passage de l’inquiétude du début, du doute, vers leur résolution finale dans la certitude.

Par ailleurs, Grieg et Tchaïkovski partagent la capacité, au milieu de passages d’intensité prodigieuse, d’inclure des thèmes capables d’inspirer chez les auditeurs un sentiment si profond que la joie et la tristesse ne s’y distinguent plus.

Après le concerto, et avant la symphonie, Alice Sara Ott a pris la parole pour présenter son « bis ». Elle a parlé du nouveau piano de la Cité, en admettant qu’il lui fallait le temps de s’y habituer, et proposant, après Grieg, « quelque chose de plus intime » : Pour Alina d’Arvo Pärt, œuvre clef de ce compositeur estonien sur son chemin du minimalisme. L’effet dans la salle a été de marquer un interlude dans une soirée de vastes mouvements et de grandes émotions et parfois, dans le cas de Tchaïkovski, admettons-le, d’emphases théâtrales. Le morceau prend quelques minutes, mais il peut durer jusqu’à dix, selon l’interprète : Alice Sara Ott a choisi la brièveté, d’autant plus éloquente dans un océan de Romantisme.


La musique de l’époque Romantique a les faveurs de la Cité de la Musique cette saison, parfois de façon rapprochée : le concert de l’Orchestre National de Lille, avec Grieg et Tchaïkovski, est suivi quinze jours après par un autre, consacré à Mendelssohn et, à nouveau, Grieg.

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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Anatole Jazz Club : s’ouvrir à l’inattendu

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L'art du jazz

Né à Soissons, parti dix ans en Angleterre où il a été professeur de français, de retour juste avant le confinement Covid, Nawfel Hermi a ouvert depuis un an Platinorama, magasin de disques spécialisant dans les années ‘60 à ’80. Guitariste autodidacte, il marque une nouvelle étape en inaugurant l’Anatole Jazz Club au théâtre Saint-Médard le 5 octobre avec son quatuor, Philippe Rak au vibraphone, Stéphane Belloir batterie, Rémi Gadret basse et contrebasse.

Le jazz pour Nawfel ? « L’improvisation. Il faut s’ouvrir à l’inattendu. Il faut connaître les règles, puis se lancer. »

Rémi Gadret, responsable pour ce projet avec la compagnie Acaly, prévoit d’ici juin 2023 9 concerts, conférences et sessions jam (où les jazzmen peuvent faire connaissance et expérimenter sans cérémonie), fondant ainsi un vrai lieu où le jazz peut s’établir, s’enrichir – et enrichir la vie musicale à Soissons.

Pour Rémi comme pour Nawfel, l’improvisation, la spontanéité sont au cœur du jazz. « Mais Bach aussi était un grand improvisateur. L’écrit n’a pris tant d’importance qu’avec les grands compositeurs classiques. »

Enfin, pourquoi « Anatole » ?  C’est un code de structure (comme le « blues »), 32 mesures de type AABA, une grille basée sur « I got rhythm » de Gershwin.  Il suffit de signaler « une anatole en si bémol » et c’est parti.


Nawfel Quartet, théâtre Saint-Médard, 5 oct. Dîners-concerts à 19 et 21h.

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