Sinclair sur scène au Mail
Après s’être retiré de la scène le temps de composer des musiques de film et d’être membre du jury du programme « Nouvelle star », où il était connu pour ses avis incisifs, voire cassants, le chanteur Sinclair a reformé une équipe et est reparti en tournée. Elle l’a amené au Mail à Soissons.
La salle, remplie pourtant seulement des deux tiers, l’a bien accueilli. Avec ses cinq musiciens il a vite réussi à faire descendre beaucoup de spectateurs vers la scène, devant laquelle ils ont dansé toute la soirée. Ailleurs, d’autres spectateurs se sont mis debout, bougeant au rythme de la musique.
Le public soissonnais est généralement chaleureux, attentif, et il n’est pas rare de voir des artistes, acteurs, danseurs ou autres, se regarder au moment des applaudissements, surpris par l’accueil. Mais le phénomène qui consiste à quitter sa place pour être au plus près de la scène est réservé aux soirées pop. L’adhésion à cette musique implique un engagement physique, et ceux qui restent assis sagement, sans même se trémousser, auraient presque l’air de n’y rien comprendre, d’être carrément coincés.
La sonorisation était particulière. D’abord, elle était tétraphonique, venant de chaque côté de la scène mais aussi d’en haut, derrière les auditeurs. Surtout, le son était rempli de vibrations, le rendant à la fois brouillon et corporel. Il était difficile de distinguer les paroles derrière ces vibrations, qui faisaient même résonner légèrement a cage thoracique de l’auditeur.
C’est le propre des apparitions publiques de tels chanteurs. Pour apprécier exactement ce qu’ils chantent il vaut mieux écouter l’album chez soi. Les concerts ont un autre but : galvaniser le public, le faire participer non pas à la délicate créativité de l’artiste mais à l’énergie qu’elle porte.
Sa musique ? « Sinclair est en chacun de nous entre acide jazz et funk » dit un fan sur Internet. Le funk est évident ; il y a par moments un mouvement de la voix, un phrasé, qui fait penser au jazz. Le chanteur soissonnais Mary (Jean-Philippe Mary) le place plutôt « entre disco et rock ». Pour le profane c’est un rocker, fort et sympathique.
La musique de Sinclair, entendue dans les conditions du direct sonorisé, a une homogénéité qui suggère l’uniformité. La diversité de son inspiration s’entend sans doute loin des amplificateurs.
denis.mahaffey@levase.fr