Henri Demarquette
« Vocello » à la CMD a été une exploration subtile de la relation entre le son d’un violoncelle et celui des voix d’un ensemble vocal. Henri Demarquette était le violoncelliste (déjà venu au Mail dans un duo insolite avec l’accordéoniste Richard Galliano en 2013) ; les douze (*) solistes de Sequenza 93 sous la direction de Catherine Simonpietri étaient les chanteurs.
Croisé à l’entracte, Benoît Wiart, directeur de la CMD, rappelle que « la tessiture du violoncelle ressemble beaucoup à celle de la voix humaine ». C’est la base sur laquelle le programme est construit. La dualité des deux sources est le sujet, illustrée à travers les œuvres successives. Leur équilibre varie, les rôles de soliste et d’accompagnateur s’échangent ; jamais les deux sons ne se confondent.
Purcell, Dowland, Ockeghem, mais aussi des modernes, Tavener, Tanguy, Hersant : tous se prêtent à cette configuration, grâce au jeu de l’instrumentiste et à la clarté des chanteurs.
Une soprano, deux contraltos, un ténor et un basse de Sequenza 93
L’adaptation la plus spectaculaire est « When I am laid in earth » extrait de « Didon et Enée » de Purcell et premier morceau du concert. Ce chant de mort pour soprano solo devient choral pour les douze membres de l’ensemble, trois sopranos, trois contraltos, trois ténors et trois basses, qui chantent avec une diction qui rend les paroles aussi intelligibles que si elles étaient chantées par une seule voix, alors que le chant choral leur donne un autre sens. Henri Demarquette y ajoute une dimension, une couleur et une ligne qui rendent intemporelle une partition baroque.
(*) Sequenza 93 a compté deux basses de plus pour les deux premiers morceaux, mais ils sont restés silencieux pendant l’extrait de Purcell. Explication : ils devaient participer à « Svyati » de Tavener, mais sont venus en scène dès le début pour réduire les déplacements parasites.
denis.mahaffey@levase.fr