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Sur le chemin Saint Jacques… avec deux humains

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L'art de la marche

Nino en tête de cortège avec Michel ; Taxie derrière, suivie de Réjane.

Nino en tête de cortège avec Michel ; Taxie derrière, suivie de Réjane.

“Traversée de la France avec nos ânes”, film au Bon Coin   

“Michel aimait la marche ; j’aimais les ânes” : cette différence entre Réjane Beghin et son mari est à l’origine des grandes randonnées qu’ils font, à pied mais avec deux ânes pour porter les bagages.

Au café associatif “Le bon coin”, plein pour l’occasion, ils ont projeté un film tourné au cours des étapes successives annuelles de leur voyage sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, entre Braine et Saint Jean Pied de Port tout près de l’Espagne.

Nous étions loin des projections de vidéos de vacances, zooms et panoramiques alternant avec des gens qui rient et font des grimaces. Réjane, qui a tourné et monté les séquences, en a fait une longue et fascinante répétition de plans des deux grands ânes des Pyrénées, Nino le jeune, costaud mais nerveux, et Taxie plus mûre, randonneuse expérimentée. Ils marchent, s’arrêtent, broutent, font un brin de conversation avec des vaches, descendent une pente avec précaution, relèvent le défi d’un gué ou d’un pont étroit, viennent vérifier que leurs accompagnateurs humains sont bien dans la tente.

Ce sont les personnages principaux du film, comme ils l’ont été sur le chemin. Les commentaires de Réjane Beghin pendant la projection constituaient un chant d’amour pour tous les ânes, leurs caractéristiques, qualités, habitudes, vertus, difficultés, même leur mort.

Pour Réjane, ces déplacements sont “un voyage vers soi”. C’est l’essentiel. Mais ils les amènent le long d’un enchaînement de lieux-dits aux noms qui chantent : , Vitry le François, Vèzelay, Chablis, Saint Rémy en Bouzemont Saint Genest et Isson – le village au nom de plus long de France, Tonnerre. Pour un public picard, il est poignant de voir ces voyageurs passer d’un cadre médiéval à l’autre, ces accumulations de pierres, ces maisons qui s’imbriquent, et que les guerres ont balayées en Picardie.

Mais, surtout, les ânes marchent, leurs longues oreilles dressées comme quatre petites flèches d’église qui traverseraient la France.

Note étymologique : Michel avait fabriqué des bâts, cadres en bois qui distribuent la charge sur le dos d’un âne. Taxie a eu les poils légèrement usés à un endroit par le sien, incident qui illustre l’expression “C’est là que le bât blesse.”

[Article rectifié le 31/05/15 pour tenir compte de l’aide de Réjane Beghin pour rétablir l’ordre des lieux visités, et pour indiquer que le mot “écorchéé” pour décrire l’effet du bât sur l’épaule de Taxie était inexact.] 

denis.mahaffey@levase.fr

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