Connectez-vous avec le Vase

Portrait

Alain Arnaud : « Chaque lieu a son âme »

Publié

le

L'art de s'engager pour le patrimoine

Président de la Société Historique de Villers-Cotterêts et du musée Racine de La Ferté-Milon, Alain Arnaud parle de son engagement pour le patrimoine local, et du chemin qui l’a amené à s’engager.

A 9 heures du matin Alain Arnaud est déjà disponible dans le local de la Société, à l’entrée du musée Alexandre Dumas à Villers-Cotterêts.

« ailleurs », comme il dit, au hasard des affectations de son père militaire, il a grandi à Paris, y a fait ses études. Etudiant d’allemand à la Sorbonne, un professeur lui rappelle après deux ans la nécessité d’un séjour en Allemagne. Il obtient une bourse à Heidelberg pour un an, puis enseigne à Saarbruck et ensuite pendant deux ans à l’université de Nuremberg.

Il rentre en France en 1966, se marie, fait son service militaire comme professeur à l’Ecole de Guerre. Sa carrière prend des airs de long fleuve tranquille – jusqu’à l’agrégation, qu’il passe à Paris… en mai 1968. Dans le chaos ambiant, il est jugé « admissible » puis, chose inouïe, recalé à l’oral.

« J’étais effondré. » Son professeur reste nonchalant : « Vous êtes jeune, vous avez le temps. »

Il lit une annonce placée par Michelin, qui cherche quelqu’un pour éditer ses « Guides verts » en allemand. Alain Arnaud y restera jusqu’à la retraite.

« Mais Paris commençait à nous énerver. » En 1973 le couple découvre la campagne méconnue au Nord-Est de Paris, et achète une maison à Villers-Hélon. Les trajets quotidiens sont le prix à payer.

En plus des Guides en allemand, Alain Arnaud commence à s’occuper de l’histoire de la firme, ses centenaires internes, « le premier pneu, le premier guide, Bibendum ». Il devient responsable de presse, crée un fonds historique, ouvre un musée Michelin à Paris, organise des commémorations à Paris et Clermont-Ferrand. L’histoire devient une vocation.

Ses responsabilités internationales ne l’empêchent pas d’étudier avec la même diligence les traces du passé près de chez lui. En 1991 il fonde Savière et Patrimoine, du nom du ru qui coule tout proche. L’association attire l’attention sur « l’héritage reçu de nos ancêtres, mais dont nous sommes comptables de la préservation ». Pour cela, il organise des visites pour apprendre « la réalité historique de notre région ». Les groupes sont souvent rejoints par des habitants de tel village visité, étonnés de découvrir les trésors derrière leur quotidien.

Plutôt que de répertorier les ressources de la région, l’association entend vibrer à ce qui est unique dans chaque maison, lavoir, église. « Chaque lieu a son âme » rappelle Alain Arnaud.

Il adhère dès 1975 à la Société Historique de Villers-Cotterêts, fondée en 1904 (et une des premières « associations 1901 ») pour poursuivre les actions lancées pour le centenaire en 1902 d’Alexandre Dumas. Il devient président en 2003. A présent, après cinq ans consacrés à la guerre 14-18, il faudra se renouveler pour maintenir l’élan.

Les Journées du Patrimoine ? Alain Arnaud applaudit l’initiative prise par Jack Lang en 1982, mais en rappelant avec regret le côté artisanal des premières années. « Ca m’arrivait de passer tout un dimanche dans une église pour voir passer quelques curieux. »

En quarante-cinq ans d’action pour rendre le passé actuel, Alain Arnaud n’a pas perdu son enthousiasme. Parlant du château de Villers-Cotterêts (« n’oublions pas que les deux tiers des rois français y ont vécu ! »), sur lequel il a écrit deux livres, il raconte la visite qu’il a fait faire au candidat Macron. Serait-ce l’amorce du grand projet d’en faire une Cité de la Francophonie ?


Notre Dame de Paris
Impossible de s’entretenir avec cet engagé du patrimoine sans demander son avis sur la restauration de Notre Dame. « A l’identique ! » affirme-t-il. Jusqu’à la « forêt », la charpente du toit en troncs de chêne. Mais il admet l’utilisation de béton armé « là où c’est invisible », en évoquant le plafond en béton coulé au dessus des voûtes de la cathédrale de Reims pour faciliter la reconstruction de la charpente et du toit.

[Cet article paraît dans Le Vase Communicant N° 278 du 16 sept. 2019.]

Continuer la lecture
P U B L I C I T É

Inscription newsletter

Catégories

Facebook

LE VASE sur votre mobile ?

Installer
×