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La fête des morts… à Cuisy-en-Almont

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L'art de fêter la mort

A la Toussaint en France, se souvenir des chers disparus consiste à apporter sur les tombes un pot de chrysanthèmes, raides et uniformes, comme s’ils montaient la garde sur les morts.

OLYMPUS DIGITAL CAMERAAu Mexique, le « Jour des morts » est autrement festif. La tradition veut que les familles se rendent en tenue de fête dans les cimetières avec des offrandes, nettoient les tombes et les fleurissent avec des « zempaxochitl », sorte de gros œillets d’Inde échevelés. Ces traditions existaient avant l’arrivée des Espagnols et l’imposition du christianisme. Comme souvent, d’anciens rituels ont été plus ou moins adaptés pour en faire des rites catholiques.

Le "pan de muerto".

Le “pan de muerto”.

C’est loin, le Mexique. Mais plus près, à Cuisy-en-Almont, une autre tradition associée au Jour des morts est observée par Citlali, épouse mexicaine de Daniel Amadou. Elle a dressé à la maison un autel pour commémorer la mort de parents et de proches, Chacun a droit à un lumignon qui porte son nom, à commencer par les grands-parents belges de Daniel et mexicains de Citlali.

On peut discerner une croix au centre de la table, mais faite de symboles aztèques. Citlali explique : « Les quatre épis de maïs autour de la tête de mort représentent les quatre points cardinaux, et les quatre éléments : la terre au nord » – elle indique le pot de fleurs. « Le nord est également associé à la mort » et elle montre une petite tête de mort « en terre cuite ». « Le sud c’est l’eau. » Voilà un bol d’eau. « L’est c’est le feu, c’est-à-dire l’encens qui a brûlé. » Enfin l’ouest se rattache à l’air, représenté par le papier qui couvre la table, et que Citlali a découpé pour laisser passer… l’air.

Citlali Amadou avec son autel pour commémorer les morts.

Citlali Amadou avec son autel pour commémorer les morts.

Autour, la table est chargée de fruits, mais il y a aussi une cigarette, une canette de bière. « Nous croyons que les morts viennent à la maison, et nous laissons ce qu’il faudrait à chacun. Au Mexique, il y a aussi beaucoup de petits plats, mais on ne peut pas les faire ici. » Elle a pu avoir quand même un « pan de muerto », le « pain de mort » d’une forme particulière, où l’on distingue encore une fois les points cardinaux.

Citlali explique sans insistance le sens de tous les symboles, mais le dévouement avec lequel elle a tout préparé, jusqu’à écrire chaque nom, montre que la tradition n’est pas devenue pour elle, qui vit en France, du simple folklore pittoresque. Celui qui découvre cet autel pour la première fois sent la force des croyances aztèques qui le sous-tendent. La multiplication des têtes de mort est une façon de reconnaître au lieu de cacher la mort. Les personnes sont mortes mais présentes. A la Toussaint française, c’est leur absence qui est sentie, et que cacheraient les chrysanthèmes au garde-à-vous.

denis.mahaffey@levase.fr

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