
Photo prise par une de ses élèves, Aurélie Cerutti.
Une petite autoentreprise soissonnaise avait marqué la Rentrée 2024 en resserrant et regroupant ses activités dans un nouveau local du dédale d’espaces de l’ancienne Caisse d’Epargne, devenue pépinière de startups culturels, ateliers de chant, même de vitraillerie.
Apprendre l’anglais ? Se familiariser avec la langue et la civilisation japonaise ? Les cours donnés par Patricia Poulain sont caractérisés par le fait qu’elle a acquis ses compétences d’angliciste et de japonisante non pas dans les amphithéâtres mais sur le terrain, en Irlande et au Japon mêmes.
Elle est née à Soissons, l’a quitté très jeune, et a choisi d’y revenir en 2012, après des années mouvementées d’apprentissage de la vie et des métiers.
Enfant, elle a suivi les mutations de son père, puis à 15 ans est entrée en préapprentissage de coiffure à Besançon, qu’elle a abandonné pour passer un CAP de photo à Lille, enchaînant avec un CAP de fleuriste, et travaillant un an à Liège.
Déjà le goût des déplacements. A 13 ans, en voyant le feuilleton Les Roses de Dublin à la télévision, elle a annoncé son détermination de vivre en Irlande, en ajoutant « Et je ne reviendrai plus ». La vraie vie a fait que ce n’est qu’à 32 ans qu’elle s’installe à Dublin « Je suis restée dix ans : huit chez un fleuriste,deux à l’accueil d’un grand restaurant. » Devant les remarques de ses collègues fleuristes sur son anglais hésitant, elle s’est imposé ce face à face public avec la langue. C’est la méthode Poulain pour vaincre une timidité qu’elle admet volontiers.

Poussée par des amies japonaises, elle a appris leur langue et gagné un concours. Le prix : un voyage au Japon. Elle a décidé d’y vivre : « J’ai senti un lien intime, comme avec l’Irlande. »
Un maître fleuriste l’a accueillie. Mais un traumatisme venu des gestes répétés a mis fin à sa vie japonaise. Elle est rentrée à Soissons « parce que j’y suis née ».
Après des débuts qu’elle admet difficiles, elle s’est peu à peu fait une place, en donnant des cours d’anglais, faisant connaître la langue et civilisation japonaises, tenant des stages d’origami, menant un atelier de photo et un cours de fleuristerie. Seule la coiffure n’a pas servi !
Après avoir inspiré bien des stagiaires, elle a arrêté les cours de photo, mais ses images animent les murs du nouvel espace. Comme le photographe légendaire André Kertész, elle aime relever la géométrie des choses et des lieux, leurs traits et courbes.
Ces occupations avalent son temps : les cours, un « afternoon tea » par mois chez un chocolatier, la photo pour elle-même parce qu’elle trouve constamment des sujets. Elle intervient aussi au lycée Le Corbusier, à l’IUT de Cuffies et dans deux unités de création d’entreprises à Gouraud. « Je me lève tôt, je veille tard. »
Patricia est sociable, communicative, attachante et entourée. Mais elle vit seule. Même ses images sont inhabitées sauf, parfois, par « quelqu’un pour montrer l’échelle ». Selon un autre photographe soissonnais, Franck Alleron, « Les photographes sont souvent solitaires. » Chez elle, c’est son chat – souvent photographié – qui lui tient compagnie.
5 place du Cloître. Tél. 06 75 05 79 08 . patopato5@gmail.com
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