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Théâtre

Avare en eau

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L'art du théâtre d'objets

Olivier Benoït (à dr.) et Miguel Gallardo, avec Harpagon entre Cléante et Marianne.

Olivier Benoît (à g.) et Miguel Gallardo, avec Harpagon entre Cléante et Marianne.

« L’avare » de Molière, théâtre d’objets au Mail

Quand la compagnie Tábola Rassa a joué « Fables » au Mail en mai 2014, tout a commencé par un sac en plastique qui flottait au dessus du plateau comme un oiseau délabré, et s’est terminé par une tempête où tous les détritus accumulés sur le plateau au cours du spectacle étaient balayés vers la salle par un ventilateur. Au milieu de ces preuves d’incurie, les deux comédiens ont tout de même dit des fables de La Fontaine dans un respect absolu du texte. C’était comme s’ils se mettaient au défi de faire un spectacle « malgré tout ».

Olivier Benoît, fondateur de la compagnie, est revenu au Mail avec une version de « l’Avare » de Molière pour marionnettes. « C’est notre premier spectacle, créé il y a quinze ans, et que nous avons joué, en français, espagnol et anglais sept cents fois. » En anglais ? « Dans certains pays d’Afrique, par exemple, l’anglais est plus accessible aux spectateurs. » Tábola Rassa, basée en Espagne, joue partout.

Il est tentant d’imaginer comment l’idée a germé. L’eau au lieu de l’or, d’accord. Théâtre d’objets, d’accord. Quels objets ? Mais des robinets, voyons ! Peu importe que ces accessoires de plomberie ne ressemblent guère à des personnes, ce sera le défi ! Une constante créativité gestuelle et vocale fera le pont entre objet invraisemblable et personnage. Le public, conquis par tant de trouvailles, sera complice des improbabilités, en jouira d’autant plus.

Gros robinet de laiton vêtu de haillons, Harpagon l’avare faillit briser les amours de ses enfants, complote et cède enfin. Des idées saugrenues, une multiplicité de voix, une bande sonore somptueusement classique se rejoignent dans l’humour, la dérision et les clins d’œil.

Il y a même un grand moment d’érotisme lorsque Marianne et Cléante, fils de l’avare, se déclarent leur amour. Les deux chiffons qui font office de corps s’envolent, tournoient, se rapprochent, se touchent, se couchent.

Olivier Benoît, ancien élève de Jacques Lecocq, travaille surtout avec ceux qui ont suivi le même chemin. Cela laisse penser que la forme de « l’Avare » a pu être élaborée à partir d’improvisations, élément essentiel de la méthode Lecocq.

denis.mahaffey@levase.fr

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