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Théâtre

Du théâtre d’ombres pour finir la saison

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L'art de faire peur au théâtre sans faire de mal

Virginie Gardin et Théodora Ramaekers

Dans la petite salle du Mail il y a deux manipulatrices-comédiennes et un musicien-bruiteur pour Mange tes ronces, spectacle de théâtre d’ombres venu de Belgique. Les équipements sont visibles devant un rideau qui recouvre tout le fond du plateau : trois rétroprojecteurs par terre, et une table avec les instruments et objets pour le son. Deux manipulatrices-comédiennes sont accroupies devant les rétroprojecteurs et un musicien-bruiteur est assis à la table.

En plaçant des feuilles et des formes découpées mobiles sur le plateau des appareils, Virginie Gardin et Théodora Ramaekers font projeter des images sur le rideau. Jean-Luc Millot les accompagne en musique et en bruits divers. Ils racontent l’histoire du petit Léopold, envoyé à la campagne chez sa grand’mère. Qu’y trouve-t-il ? Un chien qui s’appelle Moquette et qui veut le manger, et Mamie Ronce, qui veut lui faire manger de la soupe aux ronces qu’il aura peiné à faucher. La vie est un tel cauchemar que quand, dans son lit, il fait un cauchemar, on a du mal à distinguer les deux. Enfin, Mamie Ronce s’adoucit, Léopold voit le bon côté des choses et n’a plus peur.

Les ombres sont ingénieuses : les bras bougent, les yeux se remplissent d’eau, Léopold vomit sa soupe, Moquette mange une mouche. En même temps ces ombres découpées restent simples, naïves, le plaisir venant du contraste entre leur schématisme et leur éloquence.

Jean-Luc Millot – et le terrible Moquette

Le conte finit bien, mais les épreuves de Léopold sont redoutables pour de jeunes enfants. Ce qui les empêche de faire trop peur est la vue permanente de celles qui manipulent les images et celui qui crée les effets sonores. Ils sont occupés à chaque instant, passant d’image en image, ou d’un projecteur à un autre, ou prenant et déposant les objets de bruitages, avec des gestes étudiés et qui s’enchaînent. Les comédiennes ajoutent les dialogues. En prononçant les bruits et paroles du chien, de la grand’mère, Virginie Gardin en fait des tonnes, dans le meilleur sens. Elle ricane, elle crie, elle parle avec un accent de derrière les fagots, elle se tord, jette la tête en arrière – sans jamais un instant perdre la maîtrise des découpages. Théodora Raemaekers, responsable de l’idée du spectacle et de la préparation des ombres, lui donne la replique. Jean-Luc Millot s’affaire à fournir exactement le son qu’il faut au moment qu’il faut.

Cette présence humaine rappelle en permanence que ce sont des humains qui contrôlent ce qui se passe dans cette histoire effrayante. Une seule spectatrice a dû être sortie en larmes.

Est-ce un hasard de la programmation, de la disponibilité des compagnies ? Il reste qu’il y a quelque chose d’approprié à terminer la saison du Mail par un spectacle pour de jeunes enfants. Sans eux, qui viendra au théâtre dans quinze ans ?

denis.mahaffey@levase.fr

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