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Théâtre

Quatre rescapés du malheur

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L'art du théâtre

“J’ai six ans et je suis née à Jérusalem.” Avant Après une si longue nuit, le public a appris la présence au Mail de l’auteure et du metteur en scène de la pièce. Interrogée ensuite en bord de scène, Michèle Laurence a identifié cette phrase comme la genèse de son projet. Elle a admis se retrouver un peu ans chacun des quatre personnages, et même dans Manou, leur mère adoptive qui meurt à la fin sans être vue.

Quatre adultes se retrouvent après une dizaine d’années de séparation au chevet de Manou à l’hôpital. Dans la salle d’attente, ils reviennent sur leur enfance et leurs origines, qu’ils portent encore comme un fardeau. Sarah et Samir avaient fui les guerres du Moyen Orient, Tékitoi s’était sauvé des horreurs d’un pays africain, et Pierrot, orphelin trouvé dans la rue, avait été “placé”. Réunis en une fratrie par Manou, ils ont grandi ensemble sans jamais faire réellement face aux traumatismes et à leurs effets sur eux.

Les comédiens avec l’auteure et le metteur en scène

Au cours de la longue nuit, ils commencent le lent travail de récupération. L’harmonie et la dysharmonie qui les unissent et les séparent les aident à mieux se voir et à mieux voir les autres. L’intimité souvent agressive permet une mise à plat. Le malheur s’ouvre pour leur permettre de s’en échapper.

Olivier Dote Doevi, Elodie Menant, Slimane Kacioui et Maxime Bailleul jouent les quatre rôles avec intensité et conviction.

Dans la mise en scène de Laurent Natrella, le passé et le présent s’interpénètrent. Tekitoi aime la course – on peut y voir son besoin de mettre de la distance entre lui et ses souffrances – et avec Pierrot il court longuement sur scène, au ralenti et sans se déplacer, alors qu’ils se parlent. Comme d’autres scènes, la séquence module le naturalisme du sujet, multiplie les approches. Chacun revient ainsi en action et gestes et paroles à ce qui l’a endommagé.

Pour finir, Tekitoi revient de la chambre de leur mère, s’assied et regarde devant lui. Les trois autres comprennent. Avec la mort de celle qui leur a donné les premiers secours et les a élevés, ils vont se quitter, toujours des blessés de vie ; mais les attitudes ont commencé à bouger. Leur passé change de perspective.

denis.mahaffey@levase.fr

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