Une coiffeuse s’occupe d’une cliente qui grommelle. Elles devisent sur le vol d’oiseau. La cliente partie, la coiffeuse balaie les cheveux par terre, et découvre… une plume de goéland. L’imprévu lève ainsi le doigt. Parfois il agite tout le bras, comme dans le cas du stylo Bic géant qu’une famille trouve planté dans le sol du salon.
La coiffeuse (Patricia Roland) et sa cliente (Jany Haibe)
Ce sont deux des scènes de « Théâtre sans animaux » de Jean-Michel Ribes, pièce de 2001 que monte la compagnie de théâtre L’Art et la Manière.
Les huit comédiens répètent sous l’œil du metteur en scène Jacques Delorme. Pour la scène du salon de coiffure, l’analyse du jeu est collective. Chacun intervient avec ses commentaires sur la clarté ou la vraisemblance, ses suggestions. Le travail est minutieux.
Cette attention au détail caractérise la compagnie. A part les répétitions hebdomadaires, la troupe se retrouve pour des ateliers de formation à l’art de l’acteur, dirigés par Jacques Delorme. Il ne s’agira donc pas de débiter un texte sans s’occuper de ce qui est derrière – le sens pour l’acteur – et devant – le sens pour le spectateur.
Les histoires de « Théâtre sans animaux » représentent, selon Jean-Marc Ribes de « petits moments délicieux qui nous disent que le monde n’est pas définitivement prévu et qu’il existe encore quelques endroits où la réalité ne nous a pas refermé ses portes sur la tête ».