
Vincent Dussart, directeur de l’Arcade
Rencontré dans son bureau au Mail, Vincent Dussart est radieux. Directeur de la compagnie de théâtre l’Arcade, il est au début d’une seconde résidence à Soissons. C’est un retour, après quelques années ailleurs, pour reprendre l’action interrompue en 2012, et qui commençait à porter ses fruits. « Je suis heureux de retrouver Soissons, les gens que je connais. »
Ceux qui ont suivi les activités précédentes de l’Arcade à Soissons, notamment son long projet « Ca va la famille ? », se doutent que sa présence apportera un ferment à la vie culturelle de la ville. Pour Vincent Dussart, le théâtre n’est pas un lieu de « faire-semblant » : au contraire il permet à ceux qui y participent de se laisser voir tels qu’ils sont, en cherchant et en montrant leur propre vérité.
Après notre rencontre au Mail, Vincent Dussart partira directement vers les établissements scolaires qui prennent part au premier projet de la résidence, « (In)visibles ». « Existe-t-on sans le regard de l’autre ? Est-on libre sous le regard de l’autre ? Est-on dépendant du regard de l’autre ? Doit-on se libérer du regard. » Le même projet, sous le nom « Regards », sera mis en route dans les centres sociaux. Ici, le théâtre n’attend pas que les gens viennent en spectateurs dans une salle.
Vincent Dussart s’investit avec d’autant plus d’énergie dans ces activités qu’elles constituent pour lui des combats personnels. Nous parlons d’un prochain projet sur « la honte », utilisée comme moyen d’éducation. « T’as pas honte ? » dit-on devant un comportement non-conforme. Vincent Dussart admet son propre intérêt : « J’ai été nourri à la honte. » Cette mise en cause de lui-même est la garantie qu’il ne fera pas de « mise en scène » des personnes impliquées dans son travail, mais les aidera à se voir, se laisser voir, avoir confiance en eux-mêmes, reconnaître leur identité, leur dignité, leur force.
Son enthousiasme et sa vigueur sont impressionnants, son bonheur d’entreprendre cette résidence évident. Elle ne sera pas un moyen de survie pour une compagnie dans le climat d’austérité actuel, mais une occasion de « faire du théâtre », c’est-à-dire vivre en prenant de la distance nécessaire pour se voir.