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Le Vase des Arts

Résistance(s)

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L'art de lengagement

Pendant la longue semaine de Mail & Compagnies, le théâtre du Mail ouvre ses deux salles, la grande en haut, la petite en bas – l’auditorium au milieu étant en réfection – à des compagnies professionnelles du Soissonnais. Le grand public est le bienvenu mais, en principe, la saison annuelle vise le jeune public scolaire. Le programme, composé surtout de spectacles pour les élèves du primaire, comprend tout de même deux autres pour les collégiens, dont Histoires cachées de la Compagnie du Milempart, une adaptation de quatre nouvelles de Maupassant.

L’autre spectacle est Résistance(s), de la compagnie Nomades de Vailly-sur-Aisne, écrit et mis en scène par Jean-Bernard Philippot. Créé en 2019, il a subi les effets des deux confinements Covid et des autres restrictions. Il a été joué au festival d’Avignon en 2022.

Interrogation brutale de Sophie

Les réactions publiques et critiques ont été bien positives, et la compagnie part bientôt en tournée en Allemagne (en proposant une version en allemand, car les comédiens sont bilingues en allemand, ou allemands). Les deux séances au Mail ont offert la possibilité pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu, ou qui voulaient le revoir, d’assister à Résistance(s).

D’autres commentateurs ont relevé l’importance du « s » ajouté à « résistance ». La pièce raconte la lutte contre le nazisme totalitaire, à travers l’histoire de deux jeunes filles, Sophie la Munichoise et Doucette la Picarde. Sophie Scholl a réellement existe, membre du réseau de la Rose Blanche, arrêtée et exécutée pour avoir distribué des tracts anti-hitlériens ; Doucette est une invention de l’auteur, et elle a été arrêtée et exécutée pour avoir caché une ami juive.

Ces deux faces du même combat sont montrées en parallèle, en alternance, avec parfois des raccourcis glaçants. L’interrogateur nazi en Allemagne questionne brutalement Sophie, la quitte, traverse la scène… et reprend l’interrogation de Doucette en France.

Trois des neuf comédiens sont aussi musiciens, ce qui fait que l’accordéon, le violon et le piano, au lieu de sortir d’amplificateurs, s’intègrent dans l’action, allègent le poids écrasant de la tragédie qui se passe.

Le texte est souvent déclamé, comme pour en éloigner toute familiarité. La scène est constamment en mouvement. Les éléments de scénographie sont légers et mobiles, et l’aspect du plateau change constamment. Un monde en guerre déstabilise tout. La lutte est violente. Les vies, les gens, les idées, les luttes, le courage et la peur se bousculent.

Même avec seulement neuf comédiens, Résistance(s), par le sujet vaste qu’il couvre, a quelque chose du même souffle dramatique que Sur le chemin des Dames, grande fresque franco-allemande des mêmes auteur et compagnie, jouée au Fort de Condé, avec une foule de comédiens et bénévoles.

Vers la fin, les deux jeunes femmes héroïques s’alternent pour réciter un poème. Dès les premiers mots, la décision de l’inclure paraît inévitable, un commentaire venu d’ailleurs mais qui contient tout le sens de Résistance(s) :

« Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom… »

La tension grandit le long du poème, pour se résoudre dans le dernier mot : « Liberté ».

Un commentaire ? denis.mahaffey@levase.fr

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