Trois frères jongleurs percutants battent la démesure

Un spectacle des « arts de la piste » a l’avantage d’assurer au public une soirée passée dans la bonne humeur. Pas d’analyse troublante, ni de longs raisonnements intellectuels, ni d’intrigues compliquées, même pas d’humour malveillant. Le cirque célèbre l’agilité du corps, pas les complexités de l’esprit.

Ainsi les trois jeunes frères Colle, Clément, Cyril et Stéphane, commencent leur spectacle par une démonstration revigorante de batterie, à laquelle s’ajoute petit à petit le jonglage. Les deux s’imbriquent avec de plus en plus de loufoquerie : les massues de jonglage servent pour frapper les instruments, les corps se joignent pour faire des acrobaties alors que le jonglage et la percussion se poursuivent. Ce n’est pas pour rien qu’ils se disent « jongleurs percutants ».

Cyril expliquer les origines de leur collaboration : « Clément est batteur. Stéphane, lui, est plutôt jongleur. Et moi, Cyril, je ne sais pas trop, un peu les deux je crois. Que faire avec ça? On n’en savait rien. Entre nous c’était la guerre des sons. »

Les exploits profilèrent pendant plus d’une heure. Les frères sont trop malins pour se limiter à la perfection. Ils savent la valeur d’une glissade, d’une balle qui échappe aux mains, saisissant chaque fois l’occasion de se mettre au niveau de leur public. Par ailleurs, lorsque l’un ou l’autre se permet une incartade, les autres se permettent un regard incrédule.

Derrière leurs contorsions corporelles, percussionnistes et musicales démesurées, et sous la pluie d’objets jonglés, ils savent donner l’impression d’inventer sur place, mettent hâtivement en scène chaque séquence comme s’ils venaient d’y penser.

Le plateau prend un air féerique lorsque six parapluies, cachés derrière trois panneaux, émergent, s’éclairent, tournent, servent même d’instruments de percussion au trio.

Le spectacle est une réussite. Les frères Colle arrivent à trouver la même longueur d’onde que leur public, ce qui est tout de même plus malin, et plus gratifiant, que de chercher l’époustouflement banal.

denis.mahaffey@levase.fr