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Théâtre

Un cirque sans paillettes

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L'art discret du cirque

Il est de la nature des cirques d’être spectaculaires. Traditionnellement, ses artistes accomplissent des exploits vertigineux, en soulignant le risque qu’ils y encourent – allant parfois jusqu’à esquisser une chute avant de se reprendre, le tout accompagné de roulements de tambour, musique palpitante et projecteurs sur les corps en évolution. Les paillettes abondent.

La compagnie Casus Circus, fondée par Marie Serjeant en Australie en 2011, tourne le dos à ces aspects clinquants du cirque. « Knee deep », son premier spectacle, a été donné à Soissons avec quatre de ses cinq acrobates d’origine, trois hommes et une femme, au cours d’une tournée en Europe.

Sur un accompagnement musical qui aurait pu accompagner une méditation, ces acrobates apparaissent dans la pénombre, et commencent leurs tours presque avec recueillement. Tout est fait pour cacher l’effort. Cela fait penser au ballet classique, non pas les mouvements en eux-mêmes, mais leur style. Les muscles servent à sauter, à lever, à tourner, à grimper, mais leur force n’est jamais exhibée.

Cette retenue a un tel impact sur le public qu’il y a peu d’applaudissements : chacun est pris par l’ambiance, attend de voir le mouvement qui suivra. Plus que l’exploit physique, le spectacle révèle combien ces corps font confiance les uns aux autres. Chacun a son moment d’intensité : Emma Serjeant évolue sur un anneau qui descend des cintres, en se servant d’une longue écharpe. Sa grâce prend la priorité sur la prouesse.

Le « porteur » de la troupe, le Samoan Natano Fa’anana, pratique cette même discrétion corporelle, même dans ses acrobaties les plus vigoureuses. S’étant dévêtu jusqu’au short, il semble porter aussi un collant en dentelles sur le haut des cuisses et le bas de la torse. Ce sont des tatouages tribaux samoans.

Les artists sont salués par le public.

Le spectacle terminé, les quatre artistes avancent sur la scène. L’ovation qu’ils reçoivent, après le silence relatif auparavant, paraît les prendre au dépourvu. Ils ont de grands sourires, mettent les bras sur les épaules les uns des autres. Le public de Soissons a plusieurs fois cette saison paru surprendre des artistes et comédiens par son enthousiasme collectif : c’est plutôt bon signe pour une salle de spectacles.

denis.mahaffey@levase.fr

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