Une leçon exemplaire de clownerie

« Pss pss » au Mail, 11 décembre

Les élèves qui avaient présenté les travaux de leur stage de clown au Mail sont cette fois dans les premiers rangs pour voir un spectacle de clowns. « Pss pss » avec Camilla Pessi, aux airs de Vanessa Paradis effarée, et Simone Fassari, aux traits lugubres à la Buster Keaton, est le premier des spectacles « Famille » de la saison.

Camilla Pessi l’effarée et et Simone Fessari le lugubre

C’est une merveille de maladresse et de petitesse d’esprit parfaitement maîtrisées : les clowns se chamaillent pour une pomme, se la balancent brusquement – et l’attrapent sur la tête. Ils font preuve d’une ineptie coupable en se bousculant sur un trapèze, jusqu’à faillir tomber, mais sans le moindre vrai faux pas.
    Ils font monter sur scène un spectateur, qui n’est autre que le musicien Jean-Philippe Mary : « Je n’ai pas été prévenu » admettra-t-il plus tard. Un tel épisode peut être gênant : le spectateur est rendu ridicule ou, pire, fait le pitre exprès. Ce n’est pas le cas ici : Jean-Philippe garde son calme, sa bonne humeur, est appelé à participer à des acrobaties impressionnantes – et reçoit une banane à moitié mangée pour le remercier.
    Surtout, la leçon pour les jeunes clowns dans la salle est exemplaire. Camilla et Simone observent la règle absolue des clowns : le rapport entre eux est toujours subordonné à leur relation avec le public. Œillades, regards en coin, grimaces vers la salle, chacun est complice avec ceux qui le regardent, en cherchant à les séduire, à en faire des alliés contre le partenaire sur scène. C’est ce qu’avaient appris les stagiaires : ne jamais perdre le contact avec le public, quoi qui se passe sur scène. C’est ce qui rend un clown à la fois comique et attachant.

denis.mahaffey@levase.fr