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Danse

Je livre, tu… livres

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L'art de la lecture en danse

Dans un fauteuil...

Dans un fauteuil…

L’index à la fin d’un livre résume par ordre alphabétique les éléments de son contenu, personnes, lieux et événements, avec le numéro de page correspondant.

« Index », le spectacle de la compagnie rochefortaise Pyramid, fournit ainsi une liste de tout ce que peuvent faire cinq danseurs avec un livre : plonger dans sa lecture en oubliant tout le reste, mais aussi le piquer aux copains, en faire sortir une bouffée de fumée, s’étriper à soulever un volume poids-lourd collé au sol, se faire peur en ouvrant une histoire d’épouvante. Des références dont chacune pourrait faire une séance entière, mais c’est un index, alors les danseurs passent comme cinq éclairs à l’astuce suivant. La richesse du spectacle vient de cette façon de sauter d’une idée à la suivante sans s’attarder.

Cinq hommes se trouvent et se retrouvent devant trois bibliothèques chargées de livres. Comme des gamins, ils aiment surtout se chamailler, se faire tomber, se pousser, se tirer, se faire peur. Mais ce sont les livres qui les réunissent.

...et sur une main

…et sur une main

Le spectacle commence doucement, presque banalement, puis s’accélère jusqu’à un déploiement spectaculaire de scènes de danse hip-hop. Des exploits physiques se succèdent, se bousculent, s’enchaînent ou s’interrompent. Les trouvailles de mise en scène servent surtout à mettre en valeur les capacités physiques des cinq hommes. Il s’agirait d’ailleurs plutôt de breakdance que de hip-hop, par l’accent mis sur les mouvements acrobatiques des corps. Pourquoi le terme « breakdance » ? Il est tentant de penser que le verbe anglais « break » – « casser » – est choisi parce qu’un corps sans entraînement se casserait en morceaux en s’y essayant.

Les corps paraissent souvent désarticulés, par les gestes saccadés des danseurs, jusqu’à créer une illusion de marionnettes manipulées par des fils invisibles.

Il reste que les vrais héros et vedettes du spectacle sont les livres. Il rend hommage à leur capacité de contenir des mondes entre leurs couvertures, tout en restant de simples objets jamais « connectés ».

A la fin, quatre danseurs font voler des pages (d’un annuaire de téléphone, espérons-le, car comment pourraient-ils les arracher à un vrai livre ?) autour du cinquième, qui tourne interminablement sur sa tête au sol, toupie humaine.

Quand les danseurs viennent saluer le public, la réaction est extraordinaire, même pour le Mail, connu pour son accueil chaleureux. Les spectateurs se lèvent et les acclament en hurlant.

L’un des artistes ramasse une feuille, le jette et choisit une autre, qu’il jette aussi, frustré. Enfin il trouve la bonne. Il la lit à la salle : « Merci ».

Denis Mahaffey
denis.mahaffey@levase.fr

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