Retour sur l’historique de la piscine municipale de Soissons, à commencer par sa piscine d’été (ou bains froids) inaugurée le 1er juin 1932. Elle se composait alors de deux bassins à eau non chauffée, un bassin sportif de 33 x 14m (avec plongeoir) et un bassin d’apprentissage de 12,5 x 6m (0,7 à 1,3 mètres de profondeur). La création de deux bassins séparés, l’un destiné à l’initiation, et l’autre au perfectionnement, était une nouveauté pour l’époque où l’on construisait généralement un bassin unique à profondeur croissante. L’aménagement de la piscine était particulièrement soigné, comme en témoignent les cartes postales anciennes.
La construction de la piscine couverte a été décidée exactement le 23 février 1973 au conseil municipal de Soissons, sous la présidence du maire Jean Guerland (1965-1977). L’idée était de compléter les installations de la piscine d’été existante, qui n’était de fait utilisable que pendant les mois d’été. La piscine couverte fut réalisée d’après un projet-type de piscine à deux bassins et pataugeoire, agréé en 1970 et imaginé par l’architecte Jean Doldourian, en collaboration avec l’entreprise CIMEG. Ce « projet-type » émane d’une procédure d’agrément mise en place par le ministère de la Jeunesse et des Sports en 1966. Cette procédure visait à faire valider, par une commission spéciale, des projets d’équipements sportifs (et notamment des piscines) proposés par des groupements d’architectes et d’entreprises.
Les projets présentés devaient notamment respecter les normes (de sécurité, sanitaires, techniques), présenter une certaine originalité architecturale. Le but était d’encourager les municipalités à s’équiper d’une piscine, en leur proposant de choisir parmi des modèles agréés par l’état, aux programmes et à l’architecture variée, et livrables « clé en main », le prix étant fixé par l’entreprise. Le processus de réalisation d’une piscine se trouvait par conséquent largement simplifié.
Ce système devait en outre permettre de faciliter l’obtention de subventions de la part de l’état. Ces subventions n’étaient toutefois pas systématiques, comme le prouve l’exemple de la piscine de Soissons, pour laquelle la ville n’en a obtenue aucune. La piscine a été financée au moyen de prêts bancaires (5 070 000 francs) ainsi que par un autofinancement de
1 500 000 francs. Le coût global (construction, achat du mobilier, aménagement des abords, installations annexes) de la piscine s’élevait à 7 011 000 francs, ce qui est plus du double du prix de départ annoncé dans le dossier d’agrément (2 820 000 francs en 1970). Ce montant, assez élevé, s’explique notamment par les options réalisées en plus du projet-type (sauna, logement de gardien, foyer-bar), ainsi que par les travaux d’aménagement particuliers (par exemple des vestiaires supplémentaires en sous-sol) du fait de la présence de bassins extérieurs préexistants.
La piscine couverte a ouvert le 1er février 1976 au public. Elle a été inaugurée officiellement le 15 février 1976 par le maire, Jean Guerland, et André Rossi, alors secrétaire d’État auprès du Premier ministre, porte-parole du gouvernement.
La capacité d’accueil de la piscine d’été était de 1220 personnes, tandis que la piscine d’hiver pouvait recevoir environ 550 personnes. Dans les années 1980, la piscine a connu plusieurs périodes de travaux de rénovation. Ont été installés des bains-douches, à côté des saunas. En 1988, la charpente en bois lamellé collé, attaquée par les moisissures, fut rénovée. Le 1er juin 2006, la gestion de la piscine, déclarée d’intérêt communautaire, a été transférée à l’agglomération, la piscine restant toutefois propriété de la commune.
Depuis 2015, les bassins extérieurs n’étaient plus utilisés, les installations techniques n’étant plus suffisamment performantes. Le 23 février 2018, la piscine couverte fermait à son tour ses portes. Parallèlement, le nouveau complexe aquatique intercommunal était en projet depuis 2012 sur la commune de Mercin-et-Vaux et accueille les nageurs soissonnais depuis le 31 mars 2018.
Sources : Inventaire de la Région des Hauts-de-France.