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Le vin du Soissonnais à déguster dès 2024

Plusieurs exploitants agricoles se muent en véritables vignerons : ils ont planté leurs premières vignes sur sept parcelles d’un à trois hectares chacune, la première vendange est attendue en septembre 2023 et les premières bouteilles de blanc et rosé du Soissonnais pourront être dégustées début 2024.

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La production de vin dans l’Aisne n’existe jusqu’ici qu’avec le Champagne dans le sud du département. Le vin dit « tranquille » – en opposition à l’effervescent – a bien existé autrefois, Saint-Jean-des-Vignes est là pour en témoigner, le phylloxéra l’a cependant éradiqué depuis longtemps. Mais les temps changent, et le climat aussi du reste, c’est là toute la réflexion que des exploitants du Soissonnais ont entamée il y a 4 ans : « L’idée est née lors d’une réunion du syndicat agricole, nous cherchions comment diversifier l’agriculture soissonnaise, témoigne Benoît Davin, lui-même installé à MortefontaineTrois projets concrets en sont sortis : la coopérative du Haricot de Soissons, la location de logements réhabilités dans des corps de ferme pour les étudiants et l’implantation d’un vignoble. »

De l’avis général, cette troisième et dernière idée paraissait « la plus farfelue et la plus difficile à mettre en place techniquement et administrativement », s’amuse Didier Cassemiche, agriculteur à Oigny-en-Valois. Pour autant, huit irréductibles se sont lancés dans l’aventure et ont planté les premières vignes du futur vin soissonnais sur leurs parcelles de Mortefontaine et Oigny-en-Valois, mais aussi à Crouy, Ambrief, Corcy, Parcy-et-Tigny. « Après tout, quelques toutes petites vignes patrimoniales subsistent comme à Septmonts, ajoutent-ils, on sait que l’on peut aussi faire du vin ici. »

Les premiers fruits à Oigny-en-Valois dès novembre dernier après la première plantation d’avril 2020.

« La volonté de sortir du système de producteur de matière première »

Ils se sont alors rassemblés en un groupement informel pour s’entraider, mutualiser leur matériel et bien sûr se former à leur nouvelle activité. Car s’ils n’arrêteront pas leurs cultures habituelles de céréales ou de betteraves, ils sont bien décidés à devenir de véritables vignerons soissonnais : « Nous n’envisageons pas cette diversification comme une seule raison économique, souligne Benoît Davin, nous nous engageons avec passion et avec la volonté de sortir du système de simple producteur de matière première. Nous ne voulons pas être que des producteurs – viticulteurs mais des vignerons en allant jusqu’au produit fini et en allant nous confronter jusqu’au consommateur en leur présentant notre vin. »

Didier Cassemiche appuie : « C’est ce lien avec le consommateur que nous avons perdu et qui crée sûrement le mal-être de l’agriculteur aujourd’hui. Nous voulons en effet proposer un produit d’exception, de qualité, en l’occurrence ici un vin de caractère qui aura l’identité forte de Soissons. C’est aussi dans cette démarche que nous produirons un vin bio. »

La plantation fin avril de 4 500 plants sur 1 hectare à Oigny-en-Valois.

De fait, dans sa résolution de travailler une vigne bio, de caractère et de qualité, le groupement de vignerons soissonnais a choisi de planter des cépages de Souvignier ou Sauvignon gris, de Cabernet cortis et cantor, de Monarch et Muscaris pour des vins blanc et rosé. Si leurs origines sont françaises, ces cépages sont issus de croisements allemands et suisses, « avec des porte-greffes venant des Etats-Unis », précise Justin Delalieu, jeune agriculteur de 23 ans qui pour sa part a planté ses vignes sur un coteau de Crouy. Il ajoute : « Nous avons fait ce choix pour leur grande résistance, particulièrement au mildiou et à l’oïdium. Cette résistance aux maladies nous permettra naturellement d’utiliser moins de traitements appropriés au bio, une reconversion qui sera accordée dans un délai de 3 ans. »

L’apprentissage de trois nouveaux métiers : la viticulture, la vinification, la commercialisation

Les cépages, tous les mêmes sur les sept parcelles, ont été plantés fin avril sur une surface totale d’environ 10 hectares. Dans leur démarche de mutualisation, les agriculteurs du regroupement soissonnais n’ont pas encore décidé s’ils créeront un chai commun ou même une cuvée commune. Le nom du vin ou les noms pour chaque parcelle ne sont pas arrêtés non plus. Une chose est sûre désormais, les premières vendanges auront lieu en septembre 2023 pour les toutes premières vignes plantées en 2020 puis en 2024 pour celles plantées il y a quelques jours. Entre temps, les exploitants devront parfaire leur apprentissage de la viticulture, la vinification et la commercialisation :
« 
Le plus difficile est à venir », admettent-ils, mais l’enthousiasme de l’aventure reste le plus fort, prêts à prendre le risque de l’investissement d’environ 30 000 € par hectare, avant que d’autres cultivateurs picards les rejoignent peut-être dès l’année prochaine : « C’est déjà le cas pour un agriculteur laonnois et nous sommes en contact avec d’autres personnes de Compiègne et Senlis, confie Benoît Davin. Nous envisageons en effet d’intégrer à terme l’IGP Ile-de-France historique, avec une spécificité vin du Soissonnais sur nos étiquettes. » Le pari est lancé : en 2024, on servira un petit blanc ou un petit rosé soissonnais à l’apéro.

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