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La maison « à pas de moineaux » en péril

La maison « à pas de moineaux » du quai Saint-Waast, située au bord de l’Aisne et à proximité de la passerelle des Anglais, fait partie depuis toujours du paysage des Soissonnais. Suite au récent effondrement d’un étage, il se pourrait qu’elle en disparaisse à jamais.

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La bâtisse à l’architecture typique du Soissonnais avait résisté à tout depuis le XVIIIe siècle. En cette période contemporaine, elle aura connu la construction puis la destruction des silos à ses fenêtres. Et malgré la construction de la nouvelle résidence des Berges des 3 Roys autour d’elle, la maison aura été préservée du fait de son intérêt patrimonial. Mieux encore, elle a été intégrée au programme du promoteur et nouveau propriétaire, Quadrance Immobilier. Le projet étant d’y installer un restaurateur mais aucun exploitant n’a été trouvé pour la réhabiliter.
La maison « à pas de moineaux » est donc restée vide face aux caprices du temps… jusqu’à ce qu’elle se rappelle elle-même à notre attention. Le mardi 26 février : une poutre a cédé à l’intérieur et a causé l’effondrement d’un étage.

Pour Denis Rolland, président de la Société Historique de Soissons, spécialiste du patrimoine ancien, mais aussi ingénieur ETP spécialisé dans le bâtiment : « Ce qui devait arriver est arrivé. Une poutre maîtresse du plancher du premier étage s’est rompue entraînant dans sa chute une partie du plancher et affaiblissant l’ensemble de la structure et la charpente. Il faut le rappeler, dans ces maisons du XVIIIe siècle les planchers participent à la stabilité d’ensemble de l’édifice. C’est pourquoi les ancres de fer sont visibles sur les façades. » Denis Rolland concède : « Dans sa situation actuelle la maison est devenue un danger et il sera très délicat et probablement impossible de la restaurer. L’effondrement du plancher du deuxième étage également a formé un amoncellement de poutres et de gravats difficile à déblayer sans ébranler une structure fragilisée. »
Le président de la SHS avait pourtant averti la société Quadrance Immobilier de la situation. Celle-ci lui avait répondu qu’elle avait prévu une mise en sécurité de la construction en la protégeant par une bâche enveloppante. « En fait, il s’agit d’un emplâtre sur une jambe de bois, explique Denis Rolland. Aucun étaiement n’étant prévu, cette solution risquait d’être un pis-aller puisque la bâche repose sur une charpente fragilisée. De plus, on sait aussi qu’un tel dispositif nécessite une surveillance constante qui n’a pas été prévue. »

Indépendamment de ces considérations techniques, il s’interroge finalement sur les causes de la situation actuelle : « Restaurer la maison supposait que le promoteur se conduise en bon père de famille. Il aurait dû stabiliser les désordres et protéger la maison pour que ces désordres ne s’accentuent pas. Au lieu de cela, rien n’a été fait. La couverture a même été rapidement supprimée, laissant la maison à tout vent et accélérant sa dégradation. » Denis Rolland n’hésite pas en tirer sa conclusion : « À bien regarder, il n’y a que deux possibilités. Soit elle est le résultat d’un laxisme coupable de l’entreprise. Soit, on ose l’imaginer, le résultat d’un choix délibéré afin d’accélérer la dégradation et éviter une restauration coûteuse… »

Dans tous les cas, ce passionné du patrimoine s’attriste : « Au final, la ville de Soissons va perdre un nouveau témoin de son patrimoine ancien », sa maison « à pas de moineaux » du bord de l’Aisne.

La maison « à pas de moineaux » attenante aux résidences des Berges des 3 Roys.

Procédure de péril imminent

Une semaine après l’effondrement d’un étage de la maison « à pas de moineaux », le maire de Soissons Alain Crémont a lancé une procédure de péril imminent qui est la procédure d’urgence en cas d’habitat menaçant ruine. Dans ce cadre, le maire doit avertir par courrier le propriétaire qu’une procédure de péril va être prise à son encontre. Puis il doit saisir le tribunal administratif afin qu’il désigne un expert chargé dans les 24 heures de constater ou non le péril imminent. À L’issue de ce constat, le rapport conclut soit à l’existence d’un péril imminent, soit à l’existence d’un péril non imminent.

Si le rapport conclut à l’existence d’un péril imminent, le maire doit prendre un arrêté de péril imminent mettant en demeure le propriétaire d’effectuer les travaux d’urgence dans un délai qu’il fixe. Cet arrêté doit préciser que la non exécution des travaux entraîne le paiement d’une astreinte d’un montant maximum de 1 000 € par jour de retard.

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