Des fresques géantes réalisées par des artistes de street art dans les quartiers de Soissons : la commande et le financement sont assurés par le bailleur social qu’est l’Opal. La Ville de Soissons s’associe à cette initiative, à l’image d’un conseiller artistique. Elle dénombre même aujourd’hui une centaine d’œuvres de street art dans ses murs, du parcours urbain de C215 à la baleine de Kalouf jusqu’à la République de Snek sous le pont de la Vigne Porale. La municipalité s’en est fait un engagement depuis 10 ans, résolue « à intégrer l’art au cœur de nos espaces publics ». Alors quand les artistes Isa & Man et Licea ont présenté leurs projets, elle a soutenu avec l’Opal leurs visions créatives de la ville.
Quartier Saint-Crépin, boulevard Dumas, Isa & Man font revivre une villa romaine. Le couple d’artistes ne s’est bien sûr pas laissé aller à l’improvisation : « Nous nous sommes appuyés sur les récentes fouilles archéologiques à proximité qui ont laissé apparaître les vestiges d’une domus romaine », explique Man, son « vrai prénom » aime-t-il à préciser. « C’est toute la démarche de notre travail, ajoute Isa, celle de valoriser l’histoire et d’en faire le lien avec l’habitation sociale d’aujourd’hui. » De là, ils ont approfondi leur sujet avec les archéologues soissonnais et ont réinterprété à travers leur fresque de 10 m sur 15 une scène familiale dans leur domus romaine.
« Ce projet nous permet aussi d’échanger avec les acteurs locaux, des gens passionnés, ici des porteurs d’histoire qui ont nourri notre composition. »
En y insérant leur univers artistique, Isa & Man ont ainsi reconstruit la villa romaine au pied de l’immeuble, elle remonte dans le temps jusqu’à se déconstruire tout en haut de la fresque.
A l’œuvre pendant une bonne partie du mois d’avril, le couple a ressenti tout le soutien et la fierté des habitants du quartier : « Beaucoup ne cachent pas leur fierté de voir leur quartier devenir un lieu d’expo artistique à ciel ouvert. Ils nous disent : « Maintenant les gens se déplacent et s’arrêtent dans notre quartier pour voir la fresque. »
C’est important pour nous que les habitants se l’approprient et qu’ils transmettent des valeurs fortes. »
De l’autre côté de la ville dans le quartier de Presles, l’artiste Licea n’en dit pas moins. Elle a exprimé auprès de l’Opal et de la Ville de Soissons, « le désir de créer une œuvre qui agit comme un vecteur de lien social ».
Son œuvre rue Pierre Curie est en l’occurrence « la représentation de deux enfants se tenant par la main, symbolisant un avenir commun et optimiste, tandis que des mésanges à tête bleue, oiseaux emblématiques de la région, illustrent les thèmes de la métamorphose et de l’évolution. » Licea a également confié : « J’aimerai faire voyager dans un monde imaginaire tous ceux qui pourront la regarder, petits et grands, d’ici et d’ailleurs, elle doit rassembler dans un émerveillement toutes les diversités. A l’image de ce quartier, ma fresque, accessible à tous, est tournée vers l’avenir. C’est pourquoi elle met en évidence les nouvelles générations, faites de rêves et d’ambitions. Je souhaite véhiculer des notions d’entraide, de partage et du vivre ensemble, valeurs puissantes des quartiers populaires, dans lesquels j’ai moi-même grandi et qu’il me semble essentiel de revaloriser. »
La Ville de Soissons invite maintenant les habitants et les visiteurs « à découvrir et à s’immerger dans ce voyage imaginaire, où l’art est un vecteur de changement positif et d’unité ».