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Le Vase des Arts

Alexandre Tharaud : la recréation de Bach

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L'art de la transcription

Les mains d'Alexandre Tharaud

Le pianiste arrive seul sur le plateau de la Cité de la Musique. Pour un récital solo c’est habituel – mais Alexandre Tharaud semble s’entourer d’une autre solitude, celle qui protègera son duo avec le piano, devant le public.

Il s’assied sur le tabouret, mais face au public, les jambes croisées, prend un micro, s’enthousiasme pour « la salle, qui est extraordinaire », et commence à parler de l’art de la transcription, par laquelle une partition est adaptée pour d’autres instruments que ceux choisis par le compositeur. C’est une longue tradition : avant l’arrivée des moyens d’enregistrement, les amateurs jouaient des transcriptions chez eux.

« Très jeune j’ai été attiré par la transcription, l’idée de mettre tout un orchestre dans les quelques touches d’un piano. » 

Il s’anime, sourit, s’étonne aimablement qu’un auditeur le filme, et plus tard hausse à peine le ton : « Mais vous continuez à me filmer ! Je vous en prie ! »

Puis il se tourne, ajuste le tabouret, et joue.

La première partie du récital sera faite de transcriptions de compositions pour chœur, flûte, chœur et luth de Bach – « père de toute la musique classique » rappelle Tharaud.

Il commence par le Chœur d’ouverture de la Passion selon Saint-Jean, en arrivant à y incorporer la dimension chorale, comme si le chant s’entendait même à travers le piano.

Il fait son propre chemin à travers une œuvre, en restant fidèle à l’original, mais en modifiant parfois la dynamique, attirant l’attention sur des éléments qui passent inaperçus dans l’original, ouvrant des chemins à découvrir. Dans ce sens, Tharaud fait, non pas des adaptations, mais des re-créations.

Son jeu est un plaisir complexe pour les oreilles ; il l’est aussi pour les yeux. Ses gestes sont gracieux : ses mains souples se dégagent souvent du clavier ; en particulier, quand il s’agit d’appuyer sur une seule note isolée, il lève la main bien au dessus du clavier, tend l’index, et le descend sur la touche, comme s’il appuyait sur un bouton.

Après Bach, et après un entracte, c’est Les miroirs de Ravel, dans la version originale du compositeur pour piano, une œuvre analytique, presque psychanalytique, et que Tharaud éclaire de ses perceptions. Et il passe au bouquet final, sa transcription de L’apprenti sorcier de Dukas (qu’il décrit, c’est inattendu, comme « un chef-d’œuvre de chefs-d’œuvre »). Il en fait une joyeuse fusillade, relevant l’humour et la panique, jusqu’au calme rétabli. Une prestation faite aussi pour éblouir, et qui l’a réussi, d’après les applaudissements.

En premier bis « un peu de Poulenc » ; en second, il se lance dans une transcription aussi riche et subtile et fidèle et puissante que tout ce qui l’a précédée, mais avec le souffle de la musique populaire, une valse des rues promue à la salle de concert. C’est Padam, padam d’Edith Piaf, preuve que la sensibilité d’Alexandre Tharaud peut englober toutes les musiques.

Un commentaire, une question ? denis.mahaffey@levase.fr

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