L’auteur, éditeur et activiste Dominique Natanson publie le troisième volume de sa collection Polar Décolonial. Il s’explique sur le terme : « Le racisme structurel de la société française est le produit du colonialisme qui continue de cibler les descendants des colonisés dans notre société. Le mouvement décolonial vise à se débarrasser de ce racisme ancré dans notre société. » Voilà le cadre.
Lanceur de balles de défonce commence par ce qui paraît être une bavure policière pendant une manifestation des Gilets jaunes . Une « balle de défonce » (LBD) tirée contre le jeune Dramé le laisse défiguré. Grâce aux efforts d’un comité de soutien – dont l’auteur définit méticuleusement les différents moteurs d’engagement – de bavure l’affaire devient une mise en cause d’extrémistes de droite dans la police. Par les efforts d’activistes, un préfet et deux hauts gradés sont dévoilés et sanctionnés. Certes, dans ce monde-là la victoire ne peut qu’être ponctuelle, un petit pas vers la fin du racisme colonial, qui ne survivrait alors que dans les mémoires et les livres d’histoire.
Comme dans d’autres livres, l’auteur va au-delà d’un récit rectiligne : le narrateur Amine est constamment interrompu par une autre voix – sa conscience, son alter ego, peut-être son ange gardien – qui ne rate pas une occasion de pointer ses faiblesses, ses vanités, le revers de son engagement. Par ailleurs, l’absence du petit frère Driss est souvent relevée, jusqu’à ce que sa triste fin soit révélée.
Amine, lessivé par l’affaire Dramé, se retire, puis reprend le combat, grimpe jusqu’au sommet de la Citadelle de Caen et attache une banderole : « Aucun être humain n’est illégal. »
Lanceur de balles de défonce, éd. Echelle du Temple. Disponible librairies de Soissons et en ligne editions-de-l-echelle-du-temple.over-blog.com.
Dominique Natanson signera son livre le 9 nov. à la librairie Interlignes, le 23 à l’Arbre généreux, et le 24 au Salon du livre de Bucy-le-Long.
[Cet article paraît dans le Vase Communicant n° 386.]