La petite salle d’exposition du café associatif le Bon Coin aura rarement contenu autant de tableaux, alignés à la verticale pour gagner de la place, et montrant une diversité presque déroutante de sujets et de styles. Des images abstraites pleines de couleurs lumineuses dans un réseau de courbes, des paysages bretons, des toiles débordant de détails anecdotiques et de personnages, comme le style naïf, avec un côté presque bande dessiné. Ce que partagent tous les tableaux c’est leur vitalité, plus contenue dans ceux produits dans le passé, plus urgente surtout pour ceux que l’artiste a peints pour cette exposition.
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Jean Loret, ancien directeur du Foyer rural de Braine, souffre de la maladie de Parkinson, sujet qu’il aborde dans un discours lu en son absence au vernissage. Voici un extrait :
« J’ai toujours aimé dessiner et ma maladie (Parkinson) m’y a poussé de plus en plus.
Faute de formation artistique, j’ai établi ma petite méthode. Pour éviter la page blanche, j’ai recours au « gribouillis » qui consiste à faire un graffiti sur la page jusqu’à l’apparition d’un motif exploitable. J’aime aussi le dessin sur le motif comme les aquarelles sur le Golfe du Morbihan, qui m’a toujours fasciné, en particulier les îles d’Er Lannic et Gavrinis, en face du village de ma mère. »
Hélène Loret, fille de Jean, a tourné un court film de son père au travail, cherchant de l’aide pour traduire son idée. Pour elle, « Jean a 85 ans, il peint depuis si longtemps, il continue d’explorer, de tester, d’expérimenter dans son petit atelier au fond d’une petite impasse dans un tout petit village de l’Aisne, avec son corps sculpté par Parkinson »
Un autre tableau peint pour l’exposition
C’est Lalou Denais, fille d’Hélène et petite-fille de Jean, qui a eu l’idée d’une exposition. « Ce qui m’a motivé dans ce projet c’était avant tout de redonner de la force et du courage à mon grand-père. Il se fait vieux et l’année dernière il avait perdu goût aux choses, ne pouvant plus faire du jardin et en manque d’inspiration pour ses œuvres. Avec cette exposition j’ai donc voulu lui redonner un coup de boost et ça a marché puisque depuis l’annonce de ma surprise il ne s’arrête plus, il peint tous les jours.
Et puis dans un second temps j’étais aussi heureuse de pouvoir faire découvrir son merveilleux travail à un public. »
Regarder l’évolution de sa technique c’est se rendre compte que la maladie, loin de réduire Jean Loret à l’incapacité, l’a obligé d’abattre d’autres barrières pour atteindre de nouveaux horizons.
Exposition jusqu’au 28 nov. Au Bon Coin
[13/11/24 : légende du 2e tableau modifiée]
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