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Le Vase des Arts

Amazone tire sa révérence

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L'art du du commerce

Dans l’alignement de façades du centre-ville de Soissons, l’entrée d’Amazone, qui occupe l’angle entre la rue du Commerce et la rue du Griffon, se distingue par sa gracieuse entrée en arche néo-romane et sa porte discrètement en retrait.

Mais derrière la porte il y a une profusion de couleurs et de nuances, car les supports et étagères sont remplis de vêtements de femme.

Derrière le comptoir Patricia Bourdin-Ziéba, qui tient la boutique depuis 37 ans – après avoir vendu sur les marchés pendant 4 ans, partout et par tous les temps – se prépare pour la clôture le 31 décembre. Elle avait choisi le nom par amour des mythes grecs. « Puis c’étaient des femmes guerrières, qui savaient se défendre. » En plus, ses ancêtres en Pologne avaient tenu un « Bar des amazones ».

« Au début je proposais plutôt des vêtements pour jeunes femmes, des tenues « correctes ». Avant l’ouverture de leurs propres magasins je vendais Kookaï et NafNaf. Puis avec les années cela a changé. » Sa clientèle a mûri, son chaland a suivi.

En trente-sept ans le commerce de centre-ville a bien changé. Elle en parle sans regret ni amertume, ni critique ouverte, seulement avec nostalgie pour la qualité de la vie commerçante d’antan. L’ambiance commerciale de centre-ville est devenue plus fragmentaire, mettant fin a l’âge de des boutiques regroupées autour de Magany (devenu Monoprix) qui attirait du monde. Les commerçants agissaient ensemble pour animer chaque quartier, Saint-Martin, Saint-Christophe, chacun avec son association de commerçants. « Quand Bernard Lefranc était maire il organisait chaque année un banquet pour eux, certes dans la cantine de la mairie, mais tout de même… »

Depuis, selon Patricia, les difficultés de stationnement et les travaux à longueur d’année découragent les clients de l’extérieur. Les centres commerciaux attirent de plus en plus de clients, et elle sait que des gens viennent essayer des articles qu’ils achètent ensuite en ligne.

« A présent les cafés sont pleins le jour de marché, mais de résidents venus prendre un café, non pas de clients du marché. » Elle reconnaît pourtant que le marché couvert reste de haute qualité.
La foire Saint-Martin était un grand moment. « Nous portions de nouvelles tenues, rubans dans les cheveux. » Les restaurants de ville tenaient des stands où on pouvait manger. Les attractions n’écrasaient pas par leur taille, bruit et la quête de sensations fortes. Gaufres, châtaignes, pommes d’amour : la nostalgie pointe à nouveau.

Que fera-t-elle à la retraite ? Quitter Missy-sur-Aisne pour revenir à sa ville de naissance Soissons, aller à Reims ? Puis elle admet « J’ai envie de faire un travail sur Rabelais. » Ah ? Mais Patricia avait fait des études jusqu’à la faculté, et pourra enfin leur donner chair.

« Rabelais était prêtre, médecin, écrivain – n’oublions pas sa paillardise – et un grand humaniste » Elle lance ce dernier mot comme un appel retentissant, qui illumine tout ce que Patricia Bourdin-Ziéba a dit sur ses préoccupations, ses positions, sa carrière, sa vie.

Un commentaire, une question ? denis.mahaffey@gmail.com

[Cet article est paru dans le Vase Communicant n°388.]

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