OMEDOC piétine les 33-tours.
A la CMD en haut de Soissons, la tradition musicale était mise en question, piétinée même (voir ci-dessous), alors qu’au Mail en bas, cette tradition était à l’honneur.
La journée à la CMD faisait partie de la Semaine du Son organisée à travers la France. Il s’est agi de produire, écouter, examiner, bousculer, jouir de cette matière première de la musique que sont les sons.
Clément Lebrun se prépare à jouer la trompette en mains-libres.
Les salles et couloirs de la Cité ont hébergé de multiples activités – même un « massage musical » individuel, pour lequel toutes les places ont été vite réservées dès l’ouverture. Des acousticiens et architectes ont exposé les qualités sonores exceptionnelles du nouvel auditorium.
La formation OMEDOC de Cherbourg, sous la direction de Clément Lebrun, musicien, producteur de l’émission de musique contemporaine « Le cri du patchwork » sur France Musique, a animé plusieurs de ces événements.
Pour commencer, pour faire place nette pour l’innovation, ses membres ont sorti des pochettes des « 33 tours » (ah, la vieille expression !), dont ceux de Richard Clayderman ou des Grandes valses de Weber, les ont manipulés pour en tirer des bruits de crissement, de frottement, de tapotement. Jetés par terre, ils ont servi de patins aux pieds des musiciens pour astiquer le sol, puis ont été fracturés.
Ensuite, en rompant tous les schémas familiers et consacrés, ils ont fait de la musique.
Le clou de la journée allait être un « concert éphémère » joué par tout le monde, c’est-à-dire par un orchestre autant éphémère. Nous étions nombreux à rater ce qui promettait d’être hautement jouissif, car nous avions rendez-vous à côté de l’Aisne, où le Cercle musical donnait son concert annuel. Plusieurs élus de la Ville ont fait la navette pour être présents aux deux manifestations. Il y avait comme une petite irritation entre Agglomération (CMD) et Ville (Mail). « Au moins le Cercle musical a pu répéter à la CMD – quand même ! » a-t-on entendu.
Rudolf Nottrot devant l’orchestre du Cercle musical au Mail.
Au Mail, quarante musiciens maintenaient le patrimoine classique de la grande musique symphonique, en contrepoint à ce qui se passait à ce moment-là ailleurs.
Après de longues répétitions, dont le Vase des Arts a rendu compte, les musiciens amateurs se sont lancés dans un programme redoutable : Gounod, Beethoven, Weber, Dvorak, Joplin, et même une composition de Rudolf Nottrot, chef d’orchestre néerlandais venu diriger, pour la seconde fois, cet orchestre. « Looking for a motive » a révélé un autre côté des capacités des musiciens.
Un moment riche de sens : l’altiste Marie-Christine Witterkoër, venue de l’Orchestre de Paris en soliste pour l’« Andante et rondo » de Weber, et ayant reçu les applaudissements, est allée s’asseoir avec les autres pour la suite du programme.
Un violoniste a reconnu que « le programme était lourd », un véritable défi pour cet ensemble amateur. D’ailleurs, de petits flottements ici et là n’ont fait que renforcer l’estime qu’ont les Soissonnais pour « leur » orchestre.
denis.mahaffey@levase.fr