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Le Vase des Arts

Autour de Dieu en 80 minutes

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L'art de faire rire avec bienveillance

Mehdi a appris une tolérance presque affectueuse pour les bizarreries des humains.

Mehdi Djaadi entre seul en scène pour Coming out au Mail de Soissons, et aborde la question de son apostasie – « Vous allez apprendre de nouveaux mots. » Selon le Petit Robert, abandon d’une doctrine, d’une religion ; les Islamistes ajoutent la peine capitale comme punition.

Son récit se termine par un échange entre lui et son père : questionné quant au Paradis chrétien, il lui explique qu’il s’agit de vivre devant la face de Dieu. « C’est long ? » demande son père. « Pour l’éternité. » « Alors, bonne éternité. »

Entre la menace qui inquiète et la réconciliation paternelle qui émeut, Mehdi fait rire.

Il raconte sa vie, sous forme d’un pèlerinage spirituel. Né de parents algériens dans un quartier ouvrier de Saint-Etienne, il a été éduqué dans une école catholique – et  en parallèle a étudié le Coran dans une madrasa ; s’est frotté aux Salafistes du quartier, malgré les conseils de son père ; s’est laissé tenter par la délinquance ; puis s’est converti au Protestantisme, attiré par la relation personnelle entre l’homme et Jésus ; est devenu Catholique quand il a vécu la présence réelle du Christ à la Messe.

Son histoire d’une conscience en mouvement est peuplée par une galerie de personnages, croyants sûrs ou précautionneux et non-croyants, mais uniformément cocasses, dont il est un fin observateur, saisissant leur paroles, leur attitudes, leurs gestes.

Il y la comparaison entre les cours de catéchisme de ses camarades de classe, dont ils émergent avec des gâteaux et des coloriages d’Ombelline, et l’ambiance punitive de la madrasa : une faute dans la récitation d’une surate, un coup de bâton sur le paume de la main ; une deuxième, sur le dos de la main ; une troisième, sur le bout des doigts. Il y a la douceur un peu trop empressée de la femme rencontrée au temple : « Jésus t’aime, il t’aime, Jésus est ton ami. » Il y a le premier prêtre à qui il s’adresse pour le cours de cathé, qui demande, en avancant ses lèvres comme un cheval acceptant une pomme « Est-ce que vous êtes sûr de ce que vous faites ? Vous savez, l’Islam est une très belle religion. »

Devenu comédien après une école de théâtre en Suisse, il se trouve dans un milieu où la tolérance des musulmans est proclamée d’autant plus haut et fort qu’elle n’est peut-être que de surface, et où ce Catholique est considéré comme nécessairement islamophobe. Un ami lui fait des remontrances, avec un geste qui le caractérise : il tire constamment ses chevaux en arrière en utilisant ses doigts comme des peignes, comme pour se dégager les idées.

Il cite le langage utilisé dans le milieu du catholicisme libéral, où les jeunes, au lieu de se fréquenter, « cheminent ensemble ».

Il ne parle pas d’éventuels tourments spirituels. Le sujet de ce texte joliment travaillé (avec le metteur en scène Thibaut Evrard) est, après tout, le bonheur de la foi, quels qu’aient été les obstacles sur le chemin. Mehdi a appris une tolérance presque affectueuse pour les bizarreries des humains. En bref, il aime son voisin.

[Modifié le 23/03/22 pour recifier des fautes de frappe et autres]

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