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Danse

Comme dans un rêve

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L'art de la danse

Fanny Bonneau se tient sur le dos de Jérôme Ferron, et Emilie Harache s'occupe du polochon.

Fanny Bonneau en équilibre sur le dos de Jérôme Ferron ; Emilie Harache s’occupe du polochon.

« Absurdus » de la compagnie Etantdonné, au Mail   

Imaginez un enfant qui raconte un rêve le matin. « Il y avait quatre messieurs en complet rose, sauf que deux étaient des dames, et un autre était tout mou, comme un polochon. Ils ont commencé par balayer par terre. Il y avait un ours. Parfois il était rigolo, il dansait ; parfois il faisait un peu peur, parce que tu ne le voyais pas, juste son ombre ; parfois il devenait un tapis. Personne ne disait rien, ils dansaient juste, mais aussi ils couraient et sautaient. Une fois, c’était marrant, le monsieur marchait à quatre pattes et une des autres messieurs se tenait debout sur son dos. Deux messieurs souriaient tout le temps, l’autre, le vrai monsieur, ne souriait jamais. Le quatrième, le polochon, n’avait pas de visage. Puis tout le monde est parti. »

Dans « Absurdus », le chorégraphe Jérôme Ferron a réussi à reproduire, pour un jeune public, l’inconséquence d’un rêve enfantin. Comme dans un rêve, le sens profond serait donc dissimulé sous la surface absurde, sans rien perdre de sa puissance. Ferron et les deux danseuses Fanny Bonneau et Emilie Harache, en costume d’homme rose bonbon – comme la grande marionnette qui prend part à la danse – gardent leur distance, derrière le sourire permanent des unes, la mine neutre de l’autre. Ils bougent, se dépensent, rentrent et sortent avec l’air d’agir efficacement, sans que les situations avancent. Une peau d’ours par terre est enlevée, revient ressuscité, mais finit étendu et inanimé. Cela génère une vague frustration : n’arriveront-ils donc jamais à finir quelque chose ? Mais c’est comme dans un rêve !

Les jeunes spectateurs, tout en restant attentifs et réactifs, se sont mis à commenter le spectacle entre eux, créant une sorte de bande sonore secondaire. Peut-être peu habitués à la danse ont-ils pensé fournir les dialogues qui manquaient. Peut-être, atteints par le symbolisme de ce qui se passait, filtraient-ils ce qu’ils voyaient.

denis.mahaffey@levase.fr

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