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Danse

Oser l’oiseau

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L'art de la danse

« L’oiseau de feu » au Mail

Il faut du courage, de la bravoure même, peut-être une pincée de saine insolence, pour relire une œuvre si chargée d’augustes références : première partition de ballet d’Igor Stravinsky, commandée par Serge Diaghilev pour ses Ballets russes, chorégraphie de Michel Fokine, costumes de Léon Bakst, création triomphale à Paris en 1910 avec Tamara Karsavina dans le rôle de l’Oiseau.

Ivan rencontre l'Oiseau : Jérémy Kouyoumdjian et Charlotte Siepiora. rencontre

Ivan rencontre l’Oiseau : Jérémy Kouyoumdjian et Charlotte Siepiora.

Le chorégraphe Davy Brun, connu davantage pour ses ballets abstraits, admet avoir cédé à « une envie de narrer » en adaptant le conte russe « l’Oiseau de feu ». Il en maintient l’essentiel, l’Oiseau, le Loup blanc, les pommes d’or, le Magicien malin. Mais il détourne le côté folklore russe, pour raconter la libération et l’épanouissement d’êtres asservis. Les extravagants costumes et décors des Ballet russes sont loin. L’économie de moyens est une force de cette version. L’effet peut même être comique : en dansant, on croque dans de vraies pommes – celles du pêché originel ?

Seule en scène la femme-oiseau, symbole d’énergie libératrice, bat longuement ses ailes, comme pour prendre son envol vers le pays du conte, où de sombres personnages sont embrigadés, sans individuation. Elle intervient.

Costume de Bakst pour l'Ooiseau de feu en 1910.

Costume de Bakst pour “l’Oiseau de feu” en 1910.

La danse offre un merveilleux moyen de raconter une histoire par les émotions. Elle passe sur les détails anecdotiques, que transmet mieux la parole, menant le spectateur plutôt vers le sens profond de l’histoire. Les rencontres entre les personnages tiennent à la fois du rapprochement et de la confrontation, comme entre le héros Ivan et l’Oiseau, ou Ivan et le Loup blanc.

Plusieurs fois, les huit danseurs dansent ensemble mais chacun en solo. La lutte libératoire est engagée dans une profusion d’élans individuels. Ce sont d’éloquents moments chorégraphiques.

A la fin, habillés comme l’Oiseau, c’est-à-dire déjà habités par le feu, tous avancent vers la lumière, alors que la musique implacable de Stravinsky fait place à un passage lyrique. Le feu va devenir illumination.

denis.mahaffey@levase.fr

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