Il est possible de voir ce qui les réunit aussi, le ballet et le hip-hop. De jeunes danseurs en formation apprennent à gérer et à coordonner chaque partie du corps, loin des mouvements naturels. Les danseurs classiques se concentrent sur le profil que le corps entier présente, la grâce de l’ensemble ; les danseurs hip-hop apprennent à disloquer leurs gestes, comme si chacun était indépendant de l’ensemble, pour créer des mouvements complètement inattendus. Derrière les différences il y a des danseurs qui utilisent leur corps, qui se dépassent pour parler le langage de la danse.
Le propre du hip-hop est d’être spectaculaire : le corps se désarticule et chaque composante semble bouger séparément des autres, la tête, le torse, l’abdomen, les bras, les mains, les jambes, les pieds. Les membres se tricotent, les corps s’envolent et atterrissent, mais rarement dans la même posture. Les danseurs tournent, le crâne par terre, comme une toupie. Ces effets sont d’autant plus frappants que les danseurs de Pyramid sont capables d’exécuter simultanément des miracles d’équilibre en unisson, comme un corps de ballet.
Il y a des moments sublimes : tirant du coffre de grandes feuilles de ce qui paraît être du plastique transparent, comme des bâches, les danseurs les agitent pour créer des vagues, ou des nuages, ils les enroulent même autour des jambes en virevoltant sur le plateau. Ces voiles incarnent d’une autre façon la mémoire, qui suit les corps, génère des résonances, explore le monde en mouvement qu’ils créent.
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