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Ecrire, lire, vivre à Québec

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L'art de vivre en québécois

Dans les rues pentues du vieux Québec les églises jouxtent des couvents, monastères et séminaires, des bâtiments publics tels le parlement, l’hôtel de ville, la citadelle militaire, la maison du Gouverneur-général du Canada quand il vient représenter la Reine, le gigantesque hôtel du Château Frontenac qui toise le fleuve Saint-Laurent d’en haut – et encore des églises. Cette accumulation d’édifices surtout des 18e et 19e siècles témoigne des origines européennes de Québec et du pouvoir qu’y exerçait l’Eglise. Comme ce pouvoir se délite depuis les années soixante, beaucoup de bâtiments ecclésiastiques désormais superflus ont changé de fonction, pour contenir des facultés, le Conservatoire d’art dramatique et autres services publics.

La Maison de la Littérature de Québec.

La Maison de la Littérature de Québec.

« Ecrire – Lire- Vivre » : trois mots gravés sur l’entrée contemporaine en verre d’un ancien temple méthodiste définissent les valeurs que porte une toute nouvelle initiative de l’Institut canadien de Québec. Fermées en 1999 parce que devenues désuètes, sa bibliothèque et une salle de spectacle ont été rénovées avec audace pour faire place à la « Maison de a littérature » ouverte en 2015.

Le nom de l’Institut rappelle le fait qu’à l’origine les « Canadiens » étaient les Français, les anglophones restant « British ». L’histoire en a fait des « Canadiens français », qui dans les années soixante se sont appelés « Québécois » pour mieux se démarquer dans cette vaste fédération majoritairement anglophone entre deux océans.

Bernard Gilbert, auteur, directeur de la Maison. En filigrane derrière lui, le poète québécois Hector de Saint Denys Garneau.

Bernard Gilbert, auteur, directeur de la Maison. En filigrane derrière lui, le poète québécois Hector de Saint Denys Garneau.

L’Institut gère les bibliothèques publiques de la ville, et la nouvelle « Maison » ajoute un lieu d’action littéraire. Un « temple de la littérature » ? Le passé du bâtiment se prêterait à ce jeu de mots. « Mais non » déclare son directeur Bernard Gilbert, auteur lui-même (*), « c’est une maison ! »

Il fait visiter les locaux avec l’affabilité et l’efficacité vite reconnues comme typiquement québécoises. Il a cette énergie qu’on sent vibrer à travers la ville. Paquerette Villeneuve, montréalaise longtemps parisienne, avait défini « une qualité de chien fou chez les Canadiens que n’ont pas les Français ». Est-il trop facile d’y voir les traces de la force surhumaine qu’il a fallu aux pionniers pour se faire – littéralement – une place au Nouveau Monde ?

Bernard Gilbert admet travailler plus facilement avec les Anglais ou les Irlandais (ajoutés sans doute par égard pour son invité) « parce qu’ils sont plus pratiques ». La France garde le prestige de son statut de « grand-mère patrie » selon le terme de l’écrivain Marc Doré, mais l’urgence est de maintenir et faire rayonner la culture québécoise.

Gabriel Cloutier-Tremblay est Amed dans "L'Orangeraie"

Gabriel Cloutier-Tremblay est Amed dans “L’Orangeraie”

Aller au théâtre du Trident à Québec avec Marc Doré et la comédienne Paule Savard, instigateurs de cette escale au Canada après leur passage à Soissons en 2014, est une expérience inédite en soi. « L’orangeraie », adapté par Larry Tremblay de son propre roman, concerne deux jumeaux de neuf ans (joués par de jeunes adultes) dans un pays du Moyen Orient. L’un ou l’autre doit se faire exploser pour venger l’assassinat de ses grands-parents. Le style est déclamatoire, le jeu statique. Mais Marc Doré relève avant tout l’accent international (le « parler pointu ») des acteurs. « Ne pouvons-nous pas commenter dans notre propre langue ce qui se passe ailleurs ? » Voilà une revendication des Québécois que la Maison de la littérature entend réaliser.

(*) Son dernier livre, mi-polar, mi…-autre chose : “Pygmalion tatoué”, Druide, Montréal.

denis.mahaffey@levase.fr

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