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Dessine-moi un monde

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L'art du dessin

L’exposition de dessins « Objets corporels » à l’Arsenal est prolongé jusqu’à fin mars.

Les lignes de démarcation en arts plastiques sont loin d’être fixes, et de toute façon souvent franchies. Alors comment définir la différence entre la peinture et le dessin ? Serait-ce que le peintre a recours aux surfaces de couleur, et que le dessinateur donne la priorité aux traits qui délimitent les volumes ?

Un "dessin aveugle" de Marine Joatton

Un “dessin aveugle” de Marine Joatton

L’exposition à l’Arsenal montre des dessins venus du FRAC Picardie, créé il y a 30 ans pour promouvoir et diffuser l’art contemporain. Pour ne pas disperser ses moyens restreints, la décision a été prise d’acquérir des dessins, dont une sélection est exposée régulièrement à l’Arsenal. Cette année ce sont des œuvres de Cathryn Boch, Günter Brus, Patrice Carré, Hélène Delprat, Wim Delvoye, Marine Joatton, Christian Lhopital, Frédérique Loutz, Anne-Marie Schneider et Zush.

Ce qui frappe est la diversité des inspirations et démarches. Ils dessinent le monde tel qu’ils le voient, tel qu’ils l’imaginent, avec des gestes visibles sur le support.

Au vernissage en novembre un grand tableau de Cathryn Boch avait attiré l’attention. Elle a brodé et dessiné sur le papier, en recherche du sens d’une surface. Plus radicale, Martine Joatton a crée des « dessins aveugles », en traçant des traits dont le résultat, par un effet de « papier carbone », n’apparaît que sur une feuille qu’elle ne voyait pas en dessinant. C’est se fier entièrement au geste. Frédérique Loutz a créé de grands dessins hauts en couleur, féeriques dans le sens d’un conte de fées, la magie surgissant dans le quotidien.

Patrice Carré couvre un pan de mur de contours arrondis enfermant des globes oculaires qui vous fixent inquisitoriaux, ou vous ignorent, ou se regardent en louchant. « Mais c’est nul ! » a-t-on entendu devant ces yeux, comme devant d’autres œuvres. L’art contemporain suscite des réactions diverses. Ceux qui apprécient l’exploration de voies nouvelles, en rejetant les conventions du passé, ne s’entendront jamais avec les autres, qui soupçonnent une arnaque pratiquée sur le public. Il serait intéressant de réagir à ceux-ci avec une question telle que « A votre avis, que voulait dire l’artiste en faisant cela ? »

Dominique Roussel quitte  le musée de Soissons.

Dominique Roussel quitte le musée de Soissons.

Cette exposition est la dernière à être présentée par Dominique Roussel, après ses longues années à la tête du musée de Soissons. Le vernissage d’une exposition peut hésiter entre événement artistique et événement mondain : les gens rencontrent un artiste, et se rencontrent. Cette fois, l’ambiance était autre. La Ville est en désaccord avec lui quant aux projets d’avenir, avait-t-il déclaré à la presse, c’est la raison de son départ.

Une foule d’artistes ayant exposé à l’Arsenal étaient venus témoigner du rayonnement dont le musée avait joui sous sa direction, parmi lesquels Salim Le Kouaghet (*), Marc Gérenton, Carlo Wieland, Nicolas Alquin, Gilles Marrey, Bruno Briatte, Pascaly, Laurence Granger, Philippe Guesdon, Yves Doaré, Titus-Carmel, même les Artistes libres amateurs. La présence de l’archéologue Sylvain Thouvenot rappelait un autre rôle de Dominique Roussel en tant qu’égyptologue.

Gilles Marrey  :  le réseau et l'influence de Dominique Roussel

Gilles Marrey : le réseau et l’influence de Dominique Roussel

En 2013, le sculpteur Nicolas Alquin avait constaté qu’« à cent kilomètres autour de Paris, seul Soissons peut donner tant d’espace à un artiste. »

Pour Gilles Marrey, le réseau et l’influence de Dominique Roussel étaient des facteurs irremplaçables. « Avant d’exposer ici, j’étais mal vu, je n’avais pas de succès. Après Soissons, j’ai été accueilli partout. »

La Ville avait fait comprendre que l’avis d’une centaine d’artistes locaux en nationaux ne serait pas pris en compte dans les décisions à prendre.

Il reste que, derrière les personnes sur lesquelles pesait cette ambiance lourde, les yeux restaient attirés par les traits et couleurs sur les murs, preuve de la vitalité de l’art, sa capacité à fixer des instants du cours incessant du monde.

(*) Les liens renvoient à mes comptes rendus de leurs expositions.

denis.mahaffey@levase.fr

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