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Exposition

L’imagination partagée

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L'art intergénérationnel

Un tableau/sculpture d'Hélène Loret.

Un tableau/sculpture d’Hélène Loret.

« Loret père et fille » à la galerie du Mail jusqu’au 17 décembre   

La première impression – mais qui persiste – est que les œuvres exposées sur les murs, au lieu d’être produites par le travail de l’imagination, s’en sont échappées à l’état pur pour prendre possession des lieux. Une ambiance de fantaisie, de légèreté aérienne, prévaut. Des images, des objets, de petits personnages suspendus remplissent divers cadres, entre tableaux, dessins, mobiles et sculptures.

Un dessin de Jean Loret dans la série  "Parkinson".

Un dessin de Jean Loret dans la série “Parkinson”.

Il y a un côté bricolage inspiré, sans lourdeur artisanale. Les pièces ont pu être créées dans la sueur et les larmes, mais rien ne le laisse voir. Sur une maquette (de deux mètres de long tout de même) du cairn breton de Gavrinis, la roche couvrant la chambre funéraire est amovible. Une affiche alerte les présomptueux quant à son poids plus que conséquent. Une tentative révèle sa vraie nature : du papier mâché, lourd comme un sac en papier gonflé par le souffle. Les artistes jouent avec nous comme ils jouent avec l’imagination.

Seul dans la galerie – le vernissage est loin derrière – je regarde une dizaine d’œuvres sur des supports disparates, alignées sur un des murs. Elles sont liées par le choix, dans chacune, d’un élément qui est utilisé dans la suivante. La série commence par un sac en papier gonflé – un vrai cette fois – mais dans lequel un trou rond est découpé. Elle se termine par le portrait d’un homme, dont les sourcils reproduisent les racines luxuriantes de l’arbre qui le précède. A ce moment-là la porte s’ouvre, un couple entre – et voilà l’homme du portrait !

Jean Loret avec son épouse devant un de ses tableaux.

Jean Loret avec son épouse devant un de ses tableaux.

Jean Loret et sa fille Hélène Loret ont fait cette exposition, prévue depuis deux ans. Artistes depuis longtemps pour l’un, depuis moins longtemps pour l’autre, ils ont choisi de faire s’entrechoquer leurs idées, comme dans la série alignée où leurs pièces s’alternent.

Le sentiment d’entrapercevoir une intimité commune est fort. L’épouse de Jean Loret expose la démarche de son mari, qui souffre de la maladie de Parkinson et a du mal à s’exprimer. Au lieu de la cacher, ou d’abandonner, il a produit un ensemble de dessins complexes, qui lui permettent d’observer la progression du tremblement caractéristique.

Le cairn et d’autres représentations de l’île bretonne ? « Mon mari est né en Bretagne, et en vieillissant il revient à ses origines. »

Père et fille, les Loret ont partagée leur imagination, et en exposant le résultat ils la partagent avec le public. Parler de cette exposition le jour de sa fermeture peut paraître une anomalie, mais cela vaut mieux que ne pas en parler. Espérons qu’ils poursuivront leur partage, et nous montreront ce qui en émerge.

denis.mahaffey@levase.fr

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