Le « land art » est traduit joliment et de façon presque provocatrice en français par « l’art nature », associant ainsi deux éléments généralement mis en opposition, l’art et la nature. Ses artistes utilisent des matériaux comme le bois, les pierres ou l’eau pour leurs créations. Dans l’art conventionnel, la nature est représentée sous forme de paysages et végétaux ; ici, les créateurs travaillent au cœur même de la nature.
Martine Manche devant son totem de 2011.
Chaque septembre l’association du Sentier d’art en Vallée de la Crise organise une visite le long de ses 5 km, en boucle entre Nampteuil-sous-Muret et Muret-et-Crouttes, pour inaugurer les nouvelles installations ajoutées à la collection.
Un « sentier pédagogique » appelé « Du marais au coteau », avait été créé en 1997 pour élargir le champ d’action de la Ferme pédagogique de la Berque à Nampteuil. En 2008, dans le cadre de l’action « Invitations d’artistes », le Conseil Régional avait contribué à en faire un « sentier d’art » où quelques artistes professionnels ont installé leurs œuvres. L’intention était d’encourager l’expression et la création artistique, et de développer les échanges entre artistes et public.
A présent, des artistes de l’association se réunissent chaque année au printemps pour créer sur place leurs œuvres. En septembre, une visite est organisée pour découvrir les nouveautés. Cette année, sous un soleil de plomb, le président, Michel Tordeux, a profité pour planter au fur et à mesure les dernières pancartes portant le titre et le nom chaque l’artiste.
Souvent fait de matériaux éphémères comme des branchages, et subissant les assauts et effets des éléments et forces naturelles, le « land art » peut être fragilisé et même disparaître. Certaines installations résistent, la nature avale d’autres. Parfois l’art et la nature s’y confondent, créant une nouvelle œuvre d’art d’où l’élément humain s’efface sans disparaître.
Parmi les exposants, Jean-Luc Sendron expose une nouvelle sculpture de rondins de bois, Monique Picavet poursuit sa série d’installations en bas de la vallée. Corinne Otto, explique Michel Tordeux, s’est servi, pour couler les bourgeons en plâtre de sa “Terre nourricière”, de… préservatifs.
Célestin Bartizel, président des Pinceaux Voyageurs, association de dessinateurs et d’aquarellistes amateurs, avait apporté son calepin, et traînait plusieurs fois derrière les autres, à croquer des sujets. « Après, j’ajouterai la couleur, un bleu délavé là, un brun ici. »
L’art est parfois censé conférer quelque chose d’éternel à l’expression créatrice. Ici son caractère éphémère serait en contradiction avec cette possibilité. Mais, rappelle Jean-Luc Sendron, « L’éternité est une succession d’éphémères ».
Association du Sentier d’art en Vallée de la Crise. Contact : Michel Tordeux, tél. 06 85 57 07 86 ou contact@sentierdart.fr
denis.mahaffey@levase.fr