« Les couleurs du rêve », exposition de Margaret Brohan, Bibliothèque 1er juillet/1er août
Ceux qui connaissent le travail de l’artiste écossaise et soissonnaise Margaret Brohan ont déjà vu les couples qui flottent, volent, planent sur ses toiles, désincarnés, mélancoliques ou joyeux, toujours romantiques.
Elle a peint d’autres sujets, notamment les églises de sa ville natale de Glasgow, mais ces personnages fantomatiques reviennent comme un refrain. Refrain ? Comme la peinture, Margaret a appris le chant « à un âge adulte bien avancé » – dit-elle sans coquetterie – et a déjà associé paroles et image dans une exposition au Mail.
Cette fois, les personnages occupent toutes les toiles, et les paroles d’une chanson sont affichées sous chaque tableau. Ce sont des standards américains, tirés pour certains de comédies musicales, et qui parlent de plaisirs et peines d’amour.
La sentimentalité a mauvaise presse. Se complaire dans des sentiments qui émergent des drames humains est déconsidéré. Mais ne serait-ce pas un langage fort pour dire des choses fortes ? « Climb ev’ry mountain » de la « Mélodie du bonheur » n’observe guère la mesure et la retenue, mais elle remue légitimement les émotions d’un auditeur qui n’a pas peur d’y céder.
Les tableaux de Margaret Brohan font la même chose. En les regardant il vaut mieux se laisser aller, suivre ces couples qui aspirent à l’épanouissement ou la pâmoison, ou qui errent sans espoir de bonheur.
Où puise-t-elle ses sujets ? « J’ai fait un peu de psychologie sur moi-même » admet l’artiste au vernissage de l’exposition. Elle explique ses conclusions dans un écrit. « J’ai eu la chance d’avoir ma sœur jumelle jusqu’à l’âge de cinquante-trois ans. Est-ce que, inconsciemment, je cherche toujours cette fusion ? Est-ce la raison pour laquelle je peuple mes paysages de ces couples mystérieux ? » Nous sommes toujours dans le domaine des émotions fortes.
denis.mahaffey@levase.fr