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Objets trouvés des tranchées

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L'art de rappeler la guerre

Pendant l’hiver qui s’approche, et jusqu’aux premiers jours du printemps, tout le premier étage de l’Arsenal donnera forme aux interminables tranchées de la Grande guerre 14-18 où tant de millions d’hommes se sont battus, se sont ennuyés, se sont amusés comme ils pouvaient, sont morts ou ont survécu. Ce milieu de cauchemar est fait de galeries qui se croisent, construite de panneaux d’aggloméré et de lattes de bois au profil d’un « V » aplati. Une couverture légère les ferme en haut, comme si même le ciel ne fournit pas d’échappatoire. Ces tranchées n’ont rien de réaliste, c’est une scénographie qui fait, non pas voir, mais imaginer cette leur quotidien. Ce quotidien est illustré par des images, photos et vidéos, mais surtout par des objets, militaires et civils, découverts pendant des fouilles à l’occasion de lancement de projets de travaux publics depuis les années 1990. Les découvertes ont amené l’avènement d’une « nouvelle » archéologie, cette « science de l’archaïque » qui s’est trouvé à étudier une époque distante de moins de cent ans.

L’exposition « De terre et d’acier » à l’Arsenal de Soissons a commencé sa carrière à Arras en 2015. Sophie Laroche, conservateur du Musée, explique : « Nous avons ajouté une partie concernant l’histoire locale ». En effet, une des galeries raconte les fouilles entreprises dans le Soissonnais, dont celles creusées au site du nouveau parking de la Caverne du Dragon sur le Chemin des Dames. Des choses découvertes pendant ces travaux sont exposées.

Là nous touchons à l’essentiel de l’exposition : les objets enterrés et retrouvés. Il y a deux grandes catégories, dont chacune est émouvante, mais différemment. Les restes d’obus, d’armes, même d’un lance-flammes, un rouleau de fer barbelé fusionné par la corrosion rappellent la violence faite par des hommes à d’autres hommes, les efforts pour détruire ceux d’en face et se protéger contre eux. La rouille n’arrive pas à cacher le souvenir du sang.

Disques d’inhumation

Puis il y a les objets de la vie quotidienne en dehors des batailles. Un panneau rappelle que l’action constituait une partie infinitésimale de la vie d’un soldat ; ses journées étaient faites plutôt de longues attentes, alors qu’il essayait de s’occuper. Une photo montre un soldat en train de se faire raser, en riant ; sur une autre, un poilu gratte un violoncelle rudimentaire.

Derrière les vitrines il y a un chapelet, une montre, des boîtes à conserves ou à caramels, des bouteilles de toutes les tailles.

Les engins de guerre en quelque sorte cachent les humains, comme un uniforme cache l’individu. Les effets personnels les révèlent, leurs petites et grandes envies en habitudes. Le but de la guerre est d’anéantir l’humanité des hommes, alors qu’à chaque moment de répit ils tentent de la préserver.

La conclusion de tout cela se trouve dans les « disques d’inhumation », de petites plaques métalliques ovales métalliques dans lesquelles ont été découpé, comme dans un pochoir, le numéro du corps à enterrer.

« De terre et d’acier » restera au musée de l’Arsenal jusqu’au 2 avril 2018.

denis.mahaffey@levase.fr

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