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Visites-thé au Musée : “Mais qu’est-ce que je vois ?”

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L'art de la visite guidée

Gaëlle Champion devant un tableau de Jan Cornelisz van Loenen d'Utrecht qui a vécu à Grenoble

Errer seul dans un musée, ou se joindre à une longue visite guidée ? Le musée Saint-Léger a inventé une autre possibilité : une visite courte thématique en petit groupe avec un guide-conférencier, suivie d’échanges en prenant le thé ensemble.

Tableau d’Henri Lévis

Christophe Brouard, directeur des musées de Soissons, explique que ces « visites-thé » sont nées presque par hasard à une réunion, en cherchant un titre amusant pour une variante sur les visites guidées, mais aussi dans le cadre de son travail sur un projet d’établissement, où « une place importante est accordée à la notion de bien-être au musée ».

Le thème de la Visite-thé d’avril a été les animaux. Gaëlle Champion, guide-conférencière au Service du Patrimoine, avait choisi deux tableaux et une sculpture, qu’elle a présentés avec une parfaite clarté et une connaissance profonde de ses sujets.

Le premier a été un tableau du peintre du 17e siècle Van Loenen d’Utrecht, un portrait d’enfant. Gaëlle a défini son contexte historique et ses aspects sociaux, dont l’importance aux Pays-Bas de l’éducation des enfants, puis examiné le garçonnet ou fillette, comment savoir, puisque les habits étaient les mêmes à l’époque ; les animaux de compagnie.

Le tableau a commencé à se révéler sous les yeux du groupe. La guide a abordé la composition, l’axe diagonal qui relie les éléments, puis les couleurs et leur symbolisme. Le vrai sujet, pour elle, n’est pas l’enfant. Comment ça ? « L’enfant indique le sujet avec son doigt : ce sont les animaux. »

La même approche a été adoptée pour un tableau d’Henri Lévis montrant le labourage d’un champ, et un oiseau en bronze au lavis argent par les frères Martel.

Oiseau en bronze des frèes Martel

Les explications sont éclairantes : les œuvres prennent vie et profondeur sous les yeux de ceux qui regardent, et se placent dans l’histoire de l’art. Il est facile d’imaginer que les membres du groupe reviendront les voir comme des connaissances qui vivent dans une salle de musée, les reconnaîtront, les étudieront de plus près encore, feront des comparaisons. Puis par une sorte d’ensemencement, ils auront un regard plus pénétrant sur d’autres objets de la collection, feront des comparaisons, chercheront des informations sur l’artiste, l’histoire, se poseront la question derrière tous les beaux arts : « Mais qu’est-ce que je vois ? ».

Après la visite, le thé attendait dans la salle capitulaire de l’abbaye. La conversation s’est engagée… sur les races de chevaux de trait (dont la Picarde), par rapport au tableau de Lévis. Questions, souvenirs, commentaires : il n’y a pas de limites aux rebondissements de l’art.

Prochaine visite : Bestiaire magique de Saint-Léger, 13 juin, 15h30

[Cet article paraît dans le Vase Communicant n°377]

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