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Le Vase des Arts

Fauré fait la Rentrée

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L'art de jouer Fauré

De g.à dr. Guillaume Bellom, Renaud Capuçon, Anna Agafia, Paul Zientara, Stéphanie Huang

Un certain éclat sied à l’ouverture de la saison à Soissons, promesse des plaisirs et enrichissements à suivre jusqu’en juin. Pendant bien des années la Rentrée s’est marquée par un spectacle familial, gratuit et en plein air. Cette année, devant un autre public, celui des amateurs de musique classique à la Cité de la Musique, l’événement n’a pas eu moins d’éclat : un centenaire à observer, une star sur le plateau entourée de musiciens solistes, une brochette de personnalités de la Mairie et des instances culturelles alignées dans leurs fauteuils, une salle pleine, sauf les quelques places vides de ceux qui avaient réservé sans venir. Même le prestige d’être au programme du Festival de Laon, mais à Soissons.

Une ambiance vibrante donc, pour un concert en commémoration de Gabriel Fauré, mort en 1924. C’est le premier de trois concerts du Festival de Laon couvrant l’intégrale de ses œuvres pour cordes et piano (sauf quelques partitions mineures), celui-ci à Soissons et deux autres à Laon.

Sur scène, cinq chambristes. Admettons-le : si doués que soient Anne Agafia au violon, Paul Zientara à l’alto, Stéphanie Huang au violoncelle, et Guillaume Bellon au piano, c’est le violoniste Renaud Capuçon qui a fait accourir le public.

Trois œuvres au programme : le Trio pour piano et cordes de 1923, un an avant la mort de Fauré, et les deux Quintettes, de 1906 et de 1921.

Pour ceux qui ne connaissent de Fauré que son Requiem (que l’ensemble Le Concert Spirituel interprétera en février prochain), ces œuvres sont une découverte.

De g.à dr. Guillaume Bellom, Renaud Capuçon, Anna Agafia, Paul Zientara, Stéphanie Huang

Fauré est parmi les derniers compositeurs de la période Romantique, et sa musique montre déjà des signes du modernisme. La même grâce que ses prédécesseurs, les mêmes structures (trois mouvements distincts pour chaque œuvre), la même ambiance, la même façon d’exprimer des tendresses et des mélancolies, la même intensité lyrique. Mais pas de grandes envolées emphatiques. En plus, les lignes mélodique et harmonique font des infidélités aux conventions Romantiques, rappelant aux oreilles des auditeurs que cette musique a été composée au vingtième siècle. La nouveauté pour les non-spécialistes de ces compositions de Fauré, et leur version du Romantisme, font qu’il faut être attentif pour saisir leur nature.

Les instrumentistes, qu’ils étaient trois ou cinq, ont tout fait pour rendre les pièces lisibles par le public, dégager leur structure complexe, et communiquer leur sens.

Dès que la musique de chambre inclut un piano, il tend souvent à faire le travail de soliste, par son timbre et ses sonorités. En plus, Fauré ayant choisi de confier l’introduction de chaque mouvement (sauf un) au pianiste, il a pris le rôle de meneur. Mais pas chef : les chambristes formaient une entité autonome, chacun responsable de l’unité du jeu. Comment font-ils, ont pu se demandaient des auditeurs, pour démarrer et rester ensemble, sans se regarder, sans se faire un signe ? La réponse ? Du grand art, c’est tout.

Le trio/quintette contenait une star, Renaud Capuçon, mais qui ne s’est pas mis en vedette, cédant même la place de premier violon à Anne Agafia pour le second Quintette.

Un avant-goût donc qui donne confiance en la suite de la saison, surtout pour sa composante musicale – et qui a pu faire regretter à ceux qui n’assistaient qu’à ce premier concert de ne pas aller aux deux autres deux jours plus tard à Laon.

Un commentaire, une question ? denis.mahaffey@levase.fr

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