Colette : relever les roses par le menton

Dans l’ombre d’un grand arbre, sur le gazon des jardins du château de Limé il y a un micro, un piano électronique et une table recouverte de feuilles de papier, prêts pour une répétition. Le spectacle est créé dans le cadre du programme annuel Jardins en Scène, et sera donné le dimanche 22 octobre lors des Journées du Patrimoine. Colette au jardin mêle la littérature, la musique et la peinture, dans une approche que la compagnie Résonances a déjà adoptée pour d’autres sujets tels que Chopin et Charlotte Salomon. Cette fois le spectacle est organisé en collaboration avec la maison d’édition Cours Toujours, pour accompagner la sortie de Tout sur Colette (ou presque) de Samia Bordj, directrice du musée Colette.

C’est Dominique Brisson de Cours Toujours qui lit des extraits d’œuvres de Colette, . Au piano, Sophie Rives (*) interprète le programme musical établi par Sylvie Pommerolle, qui a choisi Ravel, Satie et Debussy. Assis à la table, l’artiste Salim Le Kouaghet peint des tableaux de petit format par lesquels il réagit aux textes qu’il entend. Devant le public il disposera d’un chevalet sur lequel il posera ses toiles vides sur lesquelles peindra.

A part cette solution provisoire pour la peinture en direct, les trois participants répètent comme s’ils étaient devant des spectateurs.

Sophie Rives (à g.), Salim Le Kouaghet et Dominique Brisson après la répétition

Les textes choisis montrent l’épanouissement que lui apportait un jardin. Ils révèlent aussi le style qui a fait sa réputation. Son écriture est sensuelle, comme si elle caressait les mots en les choisissant. Elle peut aussi être d’une précision sèche. Et parfois un mot tombe, acéré comme un couperet.

Sidonie-Gabrielle Colette 1873-1954

Surtout, elle a un pouvoir d’observation à la fois clinique et poétique. Dans Sido, elle relève un geste de sa mère : « Elle avait une manière étrange de relever les roses par le menton pour les regarder en plein visage. »

Alternant avec la musique de compositeurs contemporains de Colette, et accompagnés par les gestes du peintre devant son chevalet, les extraits prennent de la distance, brillent comme des pierres précieuses serties dans le jardin qui entoure le spectacle.

Colette au jardin sera joué à 16h le 22 septembre au château de Limé.

Le château sera ouvert pendant les deux Journées du Patrimoine de 14h30 à 19h. Samedi à 17h30 les musiciens de l’ensemble KAN, mezzo-soprano, alto et clarinettes, proposent un programme d’œuvres soit écrites spécialement soit adaptées pour la formation. Parmi les compositeurs : Ravel et Satie (comme pour Colette), mais aussi Piazzolla et Manuel Rosenthal.

(*) Sophie Rives, qui jouait à la répétition, sera remplacée par David Blondeel, professeur au Conservatoire de Soissons, pour la représentation du 22 septembre.

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