« Debout de bois », compagnie La Main d’œuvres, au Mail, 17 février.
Un homme est seul en scène, sous un arc métallique qui semble circonscrire son univers. Il ne partage l’espace qu’avec des morceaux de bois, de la frêle brindille au tronçon de tronc d’arbre. Ce sont ses voisins, ses copains de jeu, ses adversaires. Il essaie de les mettre debout, en équilibre, réussit parfois, échoue souvent. Car ces bouts de bois n’ont rien de géométrique, et de temps en temps se mettent même à le frustrer, en bougeant d’eux-mêmes.
Non content d’être lui-même debout sur le sol, l’homme perche sur les bouts de bois, s’ingéniant à trouver des équilibres improbables. Il chute souvent, mais recommence inlassablement, triomphal quand il réussit, exaspéré quand il tombe. Le visage anguleux de Sébastien Dault reflète éloquemment ses réactions. Sa maladresse affichée dissimule, c’est évident, les talents multiples de cet artiste de cirque de formation.
Le sens d’un homme dans un monde peu coopératif et sans autre présence humaine est souligné par la bande sonore de musique électronique, composée par Katerini Antonakaki – qui manipule aussi à distance, et presque sournoisement, les bois devenus ainsi marionnettes.
Quelle image est donnée au public scolaire, allant de la Section moyenne de la Maternelle aux collégiens ? C’est que l’homme, même atterré par son environnement, ne s’arrêtera pas de se dresser ni, en le faisant, de jouer. La survie seule ne lui suffit pas : il veut la vie, au maximum de ses possibilités.
Le spectacle rappelle « Press » du danseur Pierre Rigal, joué au Mail en mai dernier. Un autre homme est enfermé dans une boîte qui l’enserre jusqu’à l’écraser. « Debout de bois » est moins implacable car, au lieu d’un univers machinal, il s’agit du bon vieux bois, qui nous chauffe et qui encadre nos promenades en forêt.
denis.mahaffey@levase.fr