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Jane Birkin : musique et paroles

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L'art de la chanson

Jane Birkin sur la scène du Mail
Jane Birkin sur la scène du Mail

Quatre musiciens jouent, chacun dans un cercle de lumière rouge. Au milieu un rayon blanc crée un puits de lumière blanche pour accueillir Jane Birkin au Mail. Habillée en veste gris foncé à rayures fines, jean noir et baskets blancs, un pouce accroché dans sa poche de gauche, elle avance à petits pas, les genoux légèrement pliés. C’est un choix d’entrée en scène sans fanfare et sans glamour. Elle convoque le public du Mail à une exploration en profondeur, non pas pour déclencher une admiration transie.

Depuis mai Jane Birkin est en tournée pour le lancement de son nouvel album Oh ! Pardon tu dormais. Il traduit en chansons la pièce du même nom qu’elle avait écrite et jouée en 1992, l’histoire de la désintégration d’un mariage racontée pendant une nuit de couple sans sommeil. Etienne Daho lui a proposé de transformer son texte en paroles pour lesquelles il composerait la musique. Jean-Louis Piérot, présent sur scène au piano et aux claviers, a fait les arrangements.

Avec François Poggio à la guitare

D’interprète des écrits des autres elle est devenue créatrice.

Au programme des chansons de Gainsbourg et de l’album. Celles-là sont légères, ludiques, mais pour mieux toucher à la mélancolie humaine ; celles-ci abordent, sans emphase, les épreuves d’une vie vécue sans précautions.

Deux exemples : Baby alone in Babylone de Gainsbourg utilise un thème du 3e mouvement de la 3e Symphonie de Brahms pour donner un souffle de grandeur aux images de l’implacable industrie du cinéma. Les murs épais de Birkin-Daho parle de fantômes, « a father, a mother, a daughter », rappel candide des événements de la propre vie de Birkin, mais protégé du larmoyant par la distance que donne l’art.

Elle chante les yeux mi-fermés, et finit chaque chanson par un grand sourire, si grand, si rayonnant qu’elle en a les yeux plissés. Le public réagit avec un enthousiasme qui ne déborde jamais, ne se transforme pas en adulation irréfléchie. Le lien entre scène et salle est fort et respectueux.

Un concert, sous un éclairage envahissant qui change constamment, et avec une sonorisation qui gonfle la musique et la voix, sert à fêter la présence d’un artiste en chair et en os qui chante en direct dans la salle, non pas devant un micro d’enregistrement qui permet toutes les retouches. Il est moins adapté à l’appréciation de ce qui est joué et chanté : pour cela il vaut mieux écouter l’album. La voix de Birkin, toute menue dans le registre supérieur, est amplifiée au point de cacher sa subtilité, et brouiller les diphtongues anglaises (« dans téïs bras ») qui font partie de la couleur de sa voix juste et vulnérable.

Elle n’aura rien caché, mais ne prétend, en chantant, qu’éveiller des images d’un pèlerinage humain. Dans le film qu’Agnès Varda a fait sur elle, Jane Birkin est explicite sur le propre de la création artistique : « Même si on déballe tout, finalement on ne dévoile pas grand-chose. »

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