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Le Vase des Arts

Les arrangeurs ont la vedette

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L'art de l'arrangement

Sur le papier le programme pouvait attirer du monde : de nombreuses compositions courtes et bien connues, sous le titre « Amour toujours », arrangées pour cordes et jouées par cinq excellentes musiciennes souriantes, le groupe Smoking Joséphine. Pourtant, et c’était un samedi soir, la grande salle de la Cité de la Musique était à peine à moitié pleine.

Le quintette Smoking Joséphine sur la scène de la Cité de la Musique de Soissons

La semaine d’avant, pour un concert bien plus exigeant avec le Poème de Chausson, Tzigane de Ravel, et le Concerto pour orchestre de Bartók, le public s’était déplacé presque aussi nombreux qu’avant Covid.

Peut-être qu’une série de « brèves », pour mélodieuses et familières qu’elles soient, présentées individuellement par la directrice de Smoking Joséphine, Geneviève Laurenceau, a un attrait minoritaire dans une ville avec une vie musicale riche et diverse. Beaucoup de mélomanes soissonnais ne cherchent pas la facilité, ils veulent se mesurer à des œuvres complexes.

Chanson d’amour d’Elgar, Rêve d’amour de Liszt, Peine d’amour et Joie d’amour de Kreisler ? (Pourquoi pas Mourir d’amour de Wagner ?) Certes, ils correspondent au thème, mais sans dépasser l’illustration.

Le double regard sur l’histoire de Roméo et Juliette, avec des extraits de la suite de Stravinsky et de West Side story de Bernstein, est intéressant, mais aurait pu être plus révélateur s’ils s’étaient suivis, au lieu d’être séparés par l’entracte.

Un changement a été annoncé, remplaçant une ballade de Chopin par trois tangos de Rodriguez et Astor Piazzolla, un compositeur souvent joué et applaudi à Soissons et au son reconnaissable entre tous, même quand le bandonéon est joliment remplacé par des cordes.

C’est ce choix qui montre ce qui a donné sa valeur à la soirée. Nicolas Worms et Fabien Touchard ont adapté toutes les compositions – dont le Rêve d’amour de Liszt écrit pour le piano – en leur conférant une nouvelle sonorité, qui invitait les auditeurs à avoir une autre écoute. Les deux arrangeurs ont changé d’angle, introduit des trouvailles, telle le recours au violoncelle pour la voix d’homme de Tony dans Maria dans West Side story, suivi immédiatement d’un violon trépidant pour Maria dans I feel pretty.

De telles adaptations changent l’angle d’écoute, ravivent des œuvres affaiblies par leur popularité. Un arrangeur comme Worms ou Touchard est un traducteur, remplaçant une langue musicale par une autre, sans trahir l’original, et en restant fidèle à ce que l’auteur à voulu dire.

Commentaires : denis.mahaffey@levase.fr

Quant au nom énigmatique du quintette…

Quelques mots ont pu être échangés avec deux membres de Smoking Joséphine dans le couloir central de la Cité. « Qui est Joséphine ? » « Qui ? » « Joséphine. » « C’est un nom que nous utilisons pour parler de nous. » « Et smoking ? » « Comment ? » « Smoking veut dire « canon » ? » Elles sont passées derrière la table où des gens les attendaient pour faire dédicacer leur album Amour toujours, et la route était barrée. L’énigme n’a pas été résolu.

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