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Michel Gasqui : créateur de mondes

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Le confinement et la culture – 1er épisode

Avoir tout son temps, sans rendez-vous à l’extérieur ni chez soi, sans distraction, sans visiteurs, seul : ne serait-ce pas une chance pour un créatif ?

Pour le peintre Michel Gasqui, le confinement manque d’un élément essentiel : un objectif pratique et un délai. Il se rend compte qu’en leur absence son appréhension à commencer un tableau prédomine.

« D’ordinaire, je passe beaucoup de temps à Soissons en travaillant, seul chez moi, sans visite, sans contact avec autrui ; mais quand j’en ressens l’envie, je vais à Paris, voir une expo, des amis, me balader. C’est ce qui me manque actuellement, ça et l’absence de perspective concrète. »

Masure close (mars 2020)

Après une vie d’enseignant à Paris, Michel Gasqui avait essayé Laon puis a choisi Soissons pour sa retraite. Il a commencé à exposer ses peintures sous le nom d’artiste Migas Chelsky, au Mail, à la Bibliothèque, à l’Office de tourisme puis, à travers l’Association d’Artistes Axonais dont il est membre fondateur, à Saint-Quentin, à Saint-Léger et même à Paris et ailleurs. Il admet ne plus exposer à Soissons, car les tarifs des salles municipales sont devenus trop élevés pour des artistes qui, il rappelle, vendent peu d’œuvres.

Il s’est exprimé par écrit sur ses préoccupations artistiques. « Je viens du collage et pour cette raison me sens plus à l’aise à devoir rassembler et ordonner des éléments épars dans une composition esthétique qu’à démarrer un tracé sur une toile immaculée. »

Au début du confinement, Michel Gasqui a produit un tableau appartenant à sa longue série représentant des bâtiments délabrés, vides, abandonnés. Fermés, car aucune porte ni fenêtre ne reste ouverte. C’est comme si ceux qui les ont quittés voulaient y enfermer le passé qu’ils laissaient derrière eux.

Il utilise le carton ondulé, qui représente si bien la tôle fréquemment utilisée dans les maisons miséreuses. Pourquoi rester préoccupé par ce sujet ? « Cela concerne une douleur personnelle, mais aussi sociale. Ces maisons ont abrité des pauvres, des immigrés. »

Il dessine aussi, des images qu’il appelle « aléatoires », pour lesquelles, à la différence des maisons, il prend un support immaculé. Il trace des emmêlements de traits fins que son ami, le peintre-écrivain Bruno Montpied, traite d’« arachnéens » (« Alors que j’ai la phobie des araignées »).

A cause du confinement est qu’il travaille plus que d’habitude, regarde des films, des documentaires, des séries policières sur son écran d’ordinateur ou sur celui, rétro, de sa « pièce cinéma ». « J’ai renoncé depuis belle lurette à la télévision. J’écoute la radio mais surtout France-Musique. Je ne lis pas assez, mais j’ingurgite beaucoup d’images.

J’essaie de sortir de temps en temps, de marcher, mais je viens de m’apercevoir que les berges de l’Aisne sont fermées au public. J’ai du mal à le comprendre et à l’accepter.

Le moral varie selon le degré de réussite de mon travail, en fonction des messages que je vais envoyer ou recevoir de mes amis et de ma fille, du taux d’ensoleillement dehors et de mon humeur fréquemment changeante. »

Il définit ainsi l’inspiration qui l’a guidé jusqu’ici, et à laquelle il restera fidèle dans le monde nouveau qui l’attend – qui nous attend tous – quand le coronavirus laissera reprendre une vie sociale. « Si je devais appartenir à un mouvement artistique, ce serait à celui des créateurs de mondes, à l’instar des dieux et des cinéastes. Je cède à une pulsion impérative qui m’entraîne à créer de toutes pièces un monde non pas imaginaire mais qui interprète l’existant dans une vision onirique, critique et satirique – mais non idyllique. »

Il y incorpore aussi une opposition dans sa vision : « J’hésite toujours entre créer de belles choses et rendre belle la laideur, entre l’introspection et l’engagement social et politique. Je ne peux choisir. »

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