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Le Vase des Arts

Murray Head

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L'art de la chanson

Murray Head sur scène

Ceux qui ne connaissent Murray Head le chanteur que par sa voix peuvent cependant avoir retenu de Murray Head l’acteur une image de 1971, filmée par Lindsay Anderson comme un manifeste de liberté sexuelle : un dentiste d’âge mur (Peter Finch) embrasse longuement sur la bouche un jeune artiste (Murray Head). C’était dans Un dimanche comme les autres.

Devenu chanteur, et d’âge plus que mur lui-même, il est venu à la CMD avec ses musiciens pour un concert devant une salle remplie surtout par les générations qui ont suivi sa carrière dès le début.

Murray Head arrive sur la scène de la CMD.

Il arrive sur scène en chantant Jésus Christ superstar (il avait joué Judas au théâtre), et continue par une rétrospective de son propre répertoire. Sa voix reste forte, claire, et il monte dans le registre de tête pour lequel il est connu, une voix comme un cri dans la nuit.

Quid de l’acoustique exquise de l’auditorium de la CMD, alors que le son vient de deux murs de haut-parleurs de chaque côté du plateau ? Même lorsque le chanteur fait le tour de la salle en montant par un côté et descendant par l’autre, sa voix arrive toujours d’en bas. Réponse à la question : le mot « exquis » est hors propos pour un concert pop. C’est comme si un spectateur de cirque questionnait l’altitude prise par les trapézistes ou le volume corporel des éléphants.

La partie officielle du programme prend fin avec la chanson qui l’a rendu célèbre : Say it ain’t so, Joe. Expression criée en 1921 par un gamin en voyant arriver au tribunal de Chicago son héros le basketteur Joe Jackson, accusée de corruption passive (il a été acquitté), Murray Head l’a adoptée pour contester le pouvoir des gouvernements (« Tu mets une croix, et puis ils font ce qu’ils veulent ! »).

 « Quelle pêche il a encore ! » commente un spectateur devant l’allure de Murray Head. Entre les chansons il sourit longuement, et s’adresse au public dans un français rapide avec quelques imperfections attachantes et trous de mémoire. Il se tourne vers ses musiciens quand un mot lui manque : en annonçant You can’t tell a book by its cover, il demande « How do you say « cover » in French ? » Un spectateur vient au secours : « Couverture ! »

Murray Head possède une amabilité naturelle, et a du plaisir à être là. Il aborde souvent le sujet de son âge et de ses inconvénients : après plus de deux heures debout, il proteste : « Je suis crevé à mort… crevé à mort », et exige que le public reste debout comme lui pour les bis. Il propose au public de chanter The house of the rising sun avec lui. C’est fait, dans un balancement général. (*)

Peu à peu, le long de la soirée, une vérité universelle émerge : Murray Head le chanteur septuagénaire garde tout ce qui faisait de lui le jeune comédien qu’il a été, l’artiste qu’il a joué, aux cheveux en casque, au profil marqué, aux lèvres droites.


(*) Au concert Spirito la directrice de chœur Nicole Corti avait appelé les spectateurs à chanter la Valse de Chostakovitch avec les choristes. Murray Head fait de même à son concert. A se demander si en juin, à la cathédrale, nous serons appelés à entonner, avec l’orchestre de Lille, l’Hymne à la joie de la 9e Symphonie de Beethoven.

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