
David Grimal
La grande salle de la Cité de la musique avait pris ses airs des grands soirs : toutes les places prises, sauf quelques-unes portant une étiquette « Réservée ». Il y avait un triple attrait : le dixième anniversaire du concert inaugural du complexe, salle de concert et conservatoire ; un cocktail à suivre ; et surtout l’Orchestre national de Lille dirigé par le violoniste Daniel Grimal, pour un programme tout entier de la musique de Mendelssohn.
La Cité est encore jeune, donc, et le choix de compositeur a donné à la soirée un souffle supplémentaire de jeunesse. Mendelssohn, mort à 38 ans, aurait pu perdre l’optimisme, la positivité, le lyrisme qui ont façonné sa musique, mais ce qu’il a écrit reste ensoleillé.
Un exemple de son approche : le Concerto n°2 pour violon est un des grands cris de joie de la musique classique. A la différence d’autres compositeurs qui, dans le mouvement lent habituel d’un concerto, explorent des émotions plus sombres, plus angoissées, ou plus élégiaques, Mendelssohn en fait un chant serein, profondément heureux.
La Symphonie italienne qui reflète sa félicité pendant un voyage en Italie. Elle met en musique les images d’un carnet de voyage. Mendelssohn donne un signe subtil de l’impact sur lui. Le premier mouvement est dans la tonalité de La majeur, et le troisième se termine en La mineur. Le programme du concert sur papier interprète joliment ce raccord inhabituel : « C’est comme un voyageur qui – après un long itinéraire initiatique et une fois revenu en son foyer – se rendrait compte à quel point il a changé. »
Ces deux monuments, le Concerto et la Symphonie, ont été précédés par l’ouverture Les Hébrides, ou Grotte de Fingal, qui communique presque physiquement la sensation du ressac devant ce site sur l’île Staffa en Ecosse.

Des musiciens de l’ONL
David Grimal était absent pendant cette ouverture, puis a été pleinement occupé par son violon pour le Concerto, et enfin a pris la place du premier violon pendant la Symphonie. Manquer d’un directeur sur son podium, armé de sa baguette, ne paraît pas inquiéter les musiciens, preuve qu’un rapport fort a été forgé en amont.
Après la musique, le cocktail, le Conservatoire n’ayant pas de difficulté à fournir l’accompagnement par deux percussionnistes postés en haut. Signe que la Cité de la musique et de la danse, à dix ans, est capable de recevoir ses invités avec une touche de glamour et un sourire à demi caché : le champagne était servi dans des verres estampillés « 10 ans » et avec le profil familier de la CMD, c’est pour le glamour, et fabriqués en plastique noir, c’est pour le sourire.
Après le Concerto, David Grimal a dédié un solo sans autre précision à « ceux qui souffrent ». Selon un auditeur mélomane, il s’agit de l’Adagio et la Fugue de la Sonate pour violon seul n°1 de Bach (BWV 1001).
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