La chanteuse Juliette a rejoint ses quatre musiciens sur le plateau du Mail, l’antithèse d’une star svelte, glamour, qui entre en scène couverte de paillettes, les bras en l’air et avec un sourire d’oreille en oreille.
Juliette Noureddine ne cherche pas à jouer les vedettes. Sous ses boucles et ses lunettes rondes, elle porte une tunique noire flottante un peu froissée et un large pantalon. Seule concession à la couleur, une écharpe pourpre. Elle ne dissimule son poids, qui rend sa démarche plutôt lourde.
Pourtant cette chanteuse, parolière et compositrice crée instamment un rapport chaleureux avec le public, par la bonne humeur qu’elle dégage. Elle est attachante. Elle ne cherche pas à se faire admirer, mais à captiver les spectateurs par son naturel – et ses chansons, dans la lignée de Colette Renard. Les paroles sont incisives et la musique pétillante. Elle s’accompagne au piano.
Les chansons alternent avec ses commentaires. Elle se raconte longuement. Elle n’improvise pas, car ses interventions sont bien structures et pertinentes, mais ses apartés et même ses hésitations annulent l’impression d’un texte préparé dans le moindre détail. Avec son musicien principal, Franck Steckar, elle échange des taquineries, autre facteur dans l’ambiance détendue.
Le beau titre biscornu du spectacle, Chansons de là où l’œil se pose, évoque ce que chante Juliette. Ses chansons, écrites, dit-elle, dans le vide du confinement Covid, racontent son quotidien, ses objets et ses rêves, ses ironies et ses peines.
Après avoir plaisanté sur l’habitude actuelle des groupes de musiciens de terminer leur spectacle au milieu, puis de revenir sous les applaudissements pour une série de « bis », elle le fait aussi, mais dans une moindre mesure, comme avec un clin d’œil à son public.
Le sujet de la dernière chanson est son père. Soudain plus profonde, c’est un régal de sentiment au rythme chaloupant. Après avoir diverti la salle du Mail, elle l’émeut.
Un commentaire ? : denis.mahaffey@levase.fr